Selon la perspective théorique que j’adopte, la LSF (les LS ?) dispose(nt) de deux grands modes linguistiques de production du sens : un mode du dire classique, qui manipule des unités lexicales (UL) d’un type en apparence peu éloigné de celui qui caractérise les UL de la langue vocale environnante, et un mode du dire original, qui donne en même temps à voir ce qui est dit et qui met en jeu, lui, des unités de format similaire mais non lexicalisées.
Dans ce cadre, je m’attacherai d’abord à montrer que les UL sont très éloignées de constituer le tout du lexique. A partir d’une étude récente sur les émergences lexicales en LSF, je suggèrerai l’existence d’une structuration sémantico-lexicale dense, articulée autour des composants-mêmes des « signes », lexicaux et non lexicaux. Puis j’illustrerai en quoi la présence dans la LS des moyens structurels du dire en montrant, associée à l’économie particulière de son lexique, fait de la conventionnalité qui définit les UL comme telles une caractéristique somme toute assez transitoire.
Mes recherches portent sur la description des constructions prédicatives en LSF, communément appelées verbes. Ces constructions sont actuellement catégorisées en verbes directionnels et non-directionnels, verbes variables et invariables en proformes, plus ou moins rigides, verbes spatiaux, verbes neutres, verbes à classificateurs, etc. Mais ces descriptions ont montré leurs limites et ne permettent pas d’évaluer finement ces verbes en fonction de la complexité de leur réalisation. Un des objectifs étant de créer un test de compréhension et de production pour connaître les étapes d’acquisition de la morphosyntaxe de la LSF et d’en diagnostiquer les déficits, j’ai analysé les noyaux syntaxiques et ai cherché à décrire autrement ces constructions prédicatives d’un point de vue linguistique. Dans la première partie de mon exposé, je présenterai les démarches et réflexions aboutissant à la description formelle de ces constructions (d’action, d’existence et d’attribution de propriétés). Cette classification s’appuie sur un système de traits formels (flottant/ancré, dynamique, orientation et configuration) ainsi que sur des indices lexicaux et syntaxiques (unités lexicales, proformes, expressions faciales, pointages, regard). Lors de la deuxième partie, j’aborderai les problématiques rencontrées lors de l’élaboration des items de l’outil d’évaluation, notamment le choix des distracteurs.