Phonologie de corpus et phonologies dynamiques
1. Membres de l’opération
Membres rattachés à titre principal
Anne Lacheret (responsable)
Atanas Tchobanov (responsable)
Marc Klein
Bernard Laks
Doctorants
Allahverdi Azari Nadjaf
Avanzi Mathieu
Evguenia Bestchastnova
Oreste Floquet
Carolin Graml
Maxence Lureau
Laurent Nkondo
Gian Paolo Renello
Patrick Tomatis
Chercheur associé
René Lavie
Collaborations extérieures
Ernesto d’Andrade (Université de Lisbonne)
Gabriel Bergounioux (Université d’Orléans)
Pier-Marco Bertinetto (SNS Pise)
Joaquim Brandao de Carvalho (Université Paris 8)
Basilio Calderone (SNS Pise)
Jean-Pierre Chevrot (Université de Grenoble)
John Coleman (Université d’Oxford)
Sylvain Detey (Université de Rouen)
Jacques Durand (Université de Toulouse)
Jean-Philippe Goldman (Université de Genève)
John Goldsmith (Université de Chicago)
Ulrike Gut (Université d’Augsburg)
Haike Jacobs (Université de Nimègue)
Geert Kristofersen (Université de Bergen)
Chantal Lyche (Université d’Oslo)
Noël Nguyen (Université de Provence)
Marc von Oostendorp (Meertens Instituut)
Anne-Catherine Simon (Université de Louvain la Neuve)
Ali Tifrit (Université de Nantes)
Sophie Wauquier-Gravelines (Université Paris 8)
2. Problématique
Bien que pratiquement inaperçue en France où les phonologies post-génératives classiques sont restées dominantes, et où même les phonologies optimalistes ne se sont que très peu installées, le champ conceptuel de la phonologie contemporaine internationale a connu des changements récents très substantiels. La relation entre théorie et données, modèles abstraits et observables s’est totalement inversée. De modèles sous-déterminés par les données, on est passé à des approches qui placent au premier plan les observables et les phénoménologies construites explicitement. Les approches quantitatives, statistiques et probabilistes se sont développées. Les grammaires de construction qui modifient profondément la conception que l’on peut avoir du stockage lexical, les modèles occurrentialistes qui accordent une importance centrale à la structure statistique des données, les modèles exemplaristes et leurs effet sur la conception de l’apprentissage, ont tous conjointement contribué à redonner aux données d’observation la place première qui étaient la leur dans les approches classiques. Dans ce contexte théorique international renouvelé, les opérations de phonologie du laboratoire MoDyCo visent à définir, modéliser et promouvoir, une phonologie de corpus.
Chacune des actions de l’opération vise, dans le cadre d’une phonologie de corpus, à développer les bases descriptives de l’usage phonologique contemporain. Il s’agit également d’inscrire ce travail sur les observables dans le débat théorique actuel concernant les modélisations dynamiques les plus propres à rendre compte des usages et des variations qui les marquent. La modélisation et l’analyse critique des théories en concurrence sont donc toujours menées de pair avec l’analyse et la description des phénoménologies phonologiques du français contemporain.
3. Actions
1) Participation au programme coopératif Phonologie du français contemporain
Avec ce programme, dirigé par Jacques Durand, Chantal Lyche et Bernard Laks, financé par l’ANR (2005-2007) et la DGLFLF (2002-2007), il s’agit de poursuivre et d’achever le travail d’enquête de terrain, dans l’ensemble du monde francophone afin d’atteindre l’objectif de 500 locuteurs et de 800 heures d’enregistrement. Le travail de numérisation, d’analyse et de codage contextuel permettant d’intégrer ces données à la base actuelle sera poursuivi. Un effort particulier sera fait pour développer l’accessibilité à ces données via la plateforme internet, les outils de fouille et d’interrogation en ligne. Du point de vue de l’équipe MoDyCo, ses acquis en la matière lui confèrent une qualité de leader et d’organisateur au plan européen (cf. infra le réseau Corpho).
2) Participation au programme coopératif Prosodie du Français contemporain
Ce programme est dirigé par Chantal Lyche et Anne Lacheret. L’action 2 s’inscrit à l’interface de l’action 3 ci-dessous et de l’opération Modèles formels et traitement automatique (action « intonosyntaxe »). La recherche conduite a pour objectif d’utiliser les indices suprasegmentaux dans la modélisation des phénomènes de liaison et de ‘e’ muet. Elle doit permettre de répondre aux deux questions suivantes : (1) dans quelle mesure l’élision d’un ‘e’ laisse des traces prosodiques ? (2) de quelle façon la structure prosodique conditionne-t-elle en partie la prononciation ou l’élision du ‘e’ en français ? Plus concrètement, il s’agit de développer une grille de codage des données prosodiques en interaction avec le niveau segmental, d’automatiser autant que possible la tâche de codage, et enfin de développer des outils informatiques de requêtes, de visualisation et d’analyse des résultats pour le test et la falsification des hypothèses que nous avons pu formuler, et ce à deux niveaux d’analyse : 1° relation entre phonologie de surface et phonologie profonde, 2° contraintes informationnelles sur les constructions segmentales et suprasegmentales. Cette action est fortement reliée à d’autres travaux de l’équipe, dans la mesure où d’une part une partie des développements informatiques ici conçus sont communs à l’action « intonosyntaxe », d’autre part les données PFC prosodiquement codées viennent nourrir les analyses à l’interface de l’intonation, de la syntaxe et de la pragmatique, ainsi que la modélisation automatique qui en résulte. À l’inverse, les traitements syntaxiques automatiques envisagés dans l’opération Modèles formels et traitement automatique auront des retombées immédiates ici.
3) Modélisations phonologiques de la liaison, du ‘e’ muet et des phénomènes connexes en phonologie du français contemporain
Cette action s’inscrit dans le projet « De la phonologie aux formes lexicales : liaison et cognition en français », dirigé par Jacques Durand et financé par l’ANR (2008-2010). Il s’agit, s’appuyant sur les acquis de PFC comme sur ceux de l’analyse critique des modèles, de faire retour sur la liaison, le ‘e’ muet et les phénomènes connexes en phonologie du français. Les modèles exemplaristes et les grammaires de construction sont plus particulièrement mis à contribution, dans des travaux d’analyse phonologique qui explorent l’interface phonie/graphie, les modes de stockage des constructions et l’acquisition de ces phénomènes phonologiques variables.
4) Analyse dynamique de la syllabe à l’aide de modélisations connexionnistes
Dans la ligne des phonologies dynamiques et des analyse de la syllabation proposées par Goldsmith puis Laks, il s’agit de construire des modèles neuromimétiques de la syllabation. L’utilisation des oscillateurs temporels et de la détection des synchronisations de décharge sera poursuivie. Cette modélisation dynamique vise à expliquer la syllabe et la syllabation comme étant le produit de l’intégration linéaire des segments. L’intégration des éléments sonores dans la chaîne résulte en une auto organisation dont la syllabe constitue la forme résultante.
5) Histoire et épistémologie des sciences cognitives et de la phonologie au 20e siècle
Cette action a pour objectif de revenir sur l’histoire et l’épistémologie de la phonologie et de principaux concepts de la linguiste du 20e siècle (langue parole, compétence performance, structure et système, usages et corpus, grammaire universelle et machine dérivationnelle etc.) en les éclairant par une histoire parallèle de la logique mathématique, de l’intelligence artificielle et de la théorie de l’information.
6) Réseau européen Corpho (Corpora in Phonological Research)
Cette action participe au réseau Corpho dirigé par Geert Kristofersen (Université de Bergen), Marc von Oostendorp (Meertens Instituut) et Ullrike Gut (Université d’Augsburg), et financé par l’ESF (2006-2007) . Il s’agit d’animer un groupe européen pour favoriser les convergences dans la technologie des corpus oraux, les codages et étiquetages (en relation avec la TEI).
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