Variétés des genres discursifs scolaires et universitaires
1. Membres
Membres rattachés à titre principal
Sylvie Plane (responsable)
Colette Corblin
Doctorants
Florence Charles
Fabienne Rondelli
Collaboration extérieure
Christiane Donahue (University of Farmington, Maine)
2. Problématique
Ce projet de recherche rassemble des chercheurs engagés dans l’équipe Activité langagière de la composante Modèles, et dans l’équipe Dynamiques des Usages de la composante Dynamiques, qui, les uns et l’autres s’intéressent à la production d’écrits telle qu’elle est effectuée dans le cadre scolaire ou universitaire. Il est construit en lien avec le réseau européen COST European Research Network on Learning to Write Effectively (ERN-LWE), dont il constitue un axe.
Le projet de recherche porte sur la caractérisation de genres d’écrits en usage dans l’enseignement scolaire et universitaire et sur la mise en évidence des variations qui les affectent en fonction des contextes d’enseignement dans lesquels ils sont pratiqués.
Les genres d’écrits scolaires et universitaires sont organisés en un petit nombre de grandes catégories regroupées sous des dénominations génériques. Ils sont définis par des règles explicites qui déterminent les critères officiels des évaluations institutionnelles auxquelles ils sont soumis. Cependant, en marge de cette caractérisation formelle qui ne rend compte que très imparfaitement de la réalité des fonctionnements des écrits effectivement produits, il existe des règles implicites propres à des communautés discursives données. Ces règles se sont constituées empiriquement à partir de traits fonctionnels fournis par l’accumulation des exempla et sont donc incomplètement figées, mais pleinement opératoires. En particulier, on constate que sous les vocables communs de « résumé », « synthèse », « texte argumentatif » et « texte explicatif », les caractéristiques attendues des textes produits diffèrent selon les niveaux, les secteurs et les lieux d’enseignement.
L’objectif de cette recherche est donc de mettre au jour les règles implicites d’écrits dont la production est exigée dans des évaluations scolaires et universitaires et d’identifier les variables non codifiées qui régissent de fait les jugements portés sur ces écrits et l’évolution de ces variables.
Trois méthodologies complémentaires seront employées :
- Analyse comparative des prescriptions relatives à ces exercices ;
- Analyse comparative de productions d’écrits réalisées dans des contextes différenciés ;
- Tâches de jugement.
Les résultats de cette recherche devraient contribuer à l’amélioration des mesures européennes d’harmonisation des dispositifs d’évaluation des enseignements, et en particulier permettre d’assurer une meilleure fiabilité des grandes enquêtes du type PISA.
3. Actions
1) Linguistique des textes et écriture scolaires
L’objectif à long terme de ce projet est de caractériser linguistiquement l’écriture scolaire et les genres de discours qui la constituent, en partant de l’hypothèse que les genres sont les outils par lesquels s’enseigne l’écriture.
La production écrite scolaire constitue en effet un objet didactique mal (ou peu) caractérisé. De nombreux chercheurs en didactique et en linguistique, s’appuyant sur les travaux de Bakhtine, mettent en évidence le fait qu’il s’agit de genres d’écrits intermédiaires entre les « genres premiers » et les « genres seconds ». Ces travaux se fondent également sur les thèses de Vygotsky sur l’interactionnisme social, pour proposer un modèle de la production écrite construit sur les interactions langagières.
Notre recherche a permis de circonscrire deux types de problèmes :
a) Extension et définition de la notion de « contexte » liée à la production de types de textes scolaires. Il semble nécessaire de fournir une analyse fine des interactions orales inter-élèves et élèves-enseignant dans la production des genres.
b) Analyse des « genres scolaires » produits
Nous disposons actuellement de trois corpus génériques homogènes qui ont été réunis en classe de 6ème et en fin d’école primaire, de « l’état naissant » à la copie finale.
Ces corpus répondent à une conception du texte ouverte et évolutive, selon laquelle l’écriture est envisagée comme processus observable et comme pratique sociale contextualisée. L’utilisation du logiciel MEDITE (Fenoglio, Ganascia, Lebrave) d’analyse automatique des brouillons est en cours d’expérimentation. Ce travail porte sur des unités linguistiques et des zones de textes limitées dans les productions scolaires, mais jugées significatives dans la définition des genres : incipits, excipits, temps verbaux, dialogues.
2) Prescriptions officielles et standards implicites des écrits à visée d’apprentissage ou d’évaluation
L’objet de la recherche est de caractériser des genres d’écrits en usage en milieu scolaire ou universitaire, utilisés soit à des fins d’apprentissage soit comme instruments d’évaluation. Il s’agit de faire apparaître la diversité des pratiques et des attentes concernant un même écrit, en fonction du contexte scolaire, social ou culturel et de la classe d’âge des élèves.
Cette recherche a pour finalité de fournir des éléments favorisant la cohérence des évaluations, en particulier des évaluations institutionnelles, et de clarifier les standards afin de permettre des comparaisons internationales notamment dans le cadre d’enquêtes du type PISA.
Ce projet prend comme point de départ le fait que certains types d’exercices écrits, tels le résumé et l’explication, sont pratiqués à tous les niveaux de la scolarité, depuis l’école primaire jusqu’aux examens de niveaux élevés, dans l’ensemble des pays occidentaux. Outre leur usage scolaire, ces deux exercices constituent en général également une pratique scripturale en usage dans le cadre de la communication ordinaire ou professionnelle. Cependant la fréquence de leurs emplois, la multiplicité des fonctions qu’on leur affecte, la diversité des contextes linguistiques et culturels dans lesquels on les pratique, font que les termes génériques comme celui de « résumé » recouvrent des productions scripturales relativement diversifiées.
Il importe donc de mettre au jour les variables qui participent de la définition de ces objets langagiers tels qu’ils sont effectivement mis en œuvre dans différentes institutions ou à différents niveaux de scolarité, et de rendre visibles les attentes implicites qui leur sont liées et qui sont parfois en concurrence avec les attentes explicites définies par les prescriptions institutionnelles. La méthodologie employée recourt à l’analyse comparative des prescriptions et à des tâches de jugement portant sur des productions réalisées dans des contextes différenciés.
3) Evaluation institutionnelle des écrits narratifs et jugement de réussite
Le projet de recherche s’inscrit dans une contribution à la recherche sur la caractérisation des genres attendus à l’école et au collège. Il s’agit en particulier de l’analyse d’écrits narratifs de fiction contraints par une amorce. La recherche utilise un support développé par le Ministère de l’Education Nationale dans le cadre des actions d’évaluation proposées aux enseignants. L’élève doit écrire un récit à partir d’une amorce, et d’un script tenant lieu d’aide à l’écriture.
L’objectif de cette recherche est de confronter les items relatifs à l’évaluation proposée dans le document ministériel aux jugements de réussite attribués par des enseignants. Peut-on dégager une base de compétences narratives scolaires au cycle 2, au cycle 3 et au cycle d’orientation ? L’ensemble s’inscrit dans une réflexion sur les évaluations scolaires et leur éventuelle harmonisation en Europe. La visée est pédagogique, puisque l’on cherche à observer de manière critique les items des évaluations de l’institution, à différents moments du développement des compétences narratives.
La méthodologie est celle de l’analyse comparative de productions d’écrits réalisés à des niveaux scolaires différents.
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