Réécriture, circulation médiatique des savoirs
Dirigée par Annie Bertin
1. Noms des membres de l’opération
Annie Bertin, Christine Bracquenier, Amal Guha, Brigitte Juanals, Sabine Lehman, Jean-Luc Minel, Sabine Pétillon Mathilde de Saint Léger
2. Noms des doctorant(e)s de l’opération
Marine Damiani (directeurs : D. Battistelli, J.-L. Minel), Asma Dhoukar (directeur : A. Bertin), Diego Garat (cotutelle) (directeurs : J.-L. Minel, Dina Wonsever), Martin Laféchoux (directeurs : B. Juanals, J.-L. Minel), Maraima Maïaga (co-tutelle) (directeurs : A. Bertin, Maweja Mbaya, professeur à l’Université Gaston Berger, Saint Louis du Sénégal), Guillermo Moncecchi (cotutelle) (directeurs J.-L. Minel, Dina Wonsever)
3. Partenaires
Les partenaires de cette opération sont :
· d'une part les partenaires du LabEx « Passés dans le Présent », en sus de MoDyCo,7 équipes (la BDIC, 6 unités de recherche de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense dont 4 UMR, 1 EA et 1 USR) en partenariat avec trois institutions (Bnf, MAN Saint-Germain, Musée du Quai Branly), en association avec l’ÉquipEx Matrice et des équipes étrangères, l’International Institute of Social History d’Amsterdam, le Center Interdisciplinary Research on Memory (Essen), le Cluster d’excellence « Topoï » (Frei et Humboldt Universität, Berlin), les Universités de Calabre, de Vérone, le CEFRES (Prague), l’UMI « Transition » (New York University).
· D’autre part (pour l’axe Réécriture) : UFR Phillia et EA HAR (cinéma et théâtre) ; IR Corpus- Corpus écrit (groupes « états anciens de la langue » et « corpus multilingues »), Atilf (équipe Linguistique Historique Française et Romane) ; EA 4509 Sens, Texte, Informatique et Histoire, de Paris-Sorbonne, EA 4178 GReLISC (Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures) de l’université de Bourgogne) ; Université de Genève, équipe GELiTec (responsable Olga Inkova) ; Université de Tel Aviv.
4. Descriptif scientifique de l’opération
Les projets de recherche proposés dans cette opération sont le fruit d’une volonté de croiser différentes approches disciplinaires, Sciences du Langage, Information et Communication, Ingénierie des connaissances. Elles visent notamment à poser un double éclairage sur le problème de la transmission des savoirs, des phénomènes de transformation d’un texte, de la réécriture et des stratégies d’influence. L’opération associe des chercheurs et enseignants-chercheurs relevant de champs disciplinaires bien distincts : linguistique diachronique, linguistique descriptive de langues diverses (russe, vietnamien) d’une part, ingénierie linguistique et des connaissances, information et communication d’autre part. Au-delà d’une volonté commune de s’inscrire dans les activités du LabEx « Passés dans le Présent », cette conjugaison, qui peut paraître insolite, repose sur différents points communs qui fondent aussi les spécificités de leurs travaux dans l’ensemble du laboratoire et des équipes de recherche franciliennes ; ces points de convergence et de singularité relèvent de l’objet (le texte) et du point de vue (la dynamique de la transformation, de la transmission et de la communication), qui invitent à prendre en compte des facteurs d’ordre culturel, social et anthropologique nécessitant une démarche pluridisciplinaire ; cette démarche amène à développer de nombreuses collaborations extérieures.
La collaboration de philologues et linguistes avec des spécialistes de l’ingénierie linguistique n’est pas en soi une innovation, elle s’est développée depuis une trentaine d’années dans le cadre de la linguistique de corpus. L’informatique a été perçue très vite par les médiévistes comme un outil privilégié pour montrer la « variance », la « mouvance » du texte dans les siècles précédant l’imprimerie ; Bernard Cerquiglini, en particulier, a souligné les similitudes entre les supports (manuscrit et numérique), des deux côtés de la « fracture gutembergienne », spécialement le caractère variant et transcodique (Cerquiglini, 1989). Par le dialogue de médiévistes, de spécialistes de langues diverses d’une part, et de spécialistes d’Info Com d’autre part, on souhaite contribuer à la production de nouveaux outils lexicographiques et à une réflexion sur la façon dont la fracture du modèle de la communication écrite restructure les habitudes intellectuelles et peut-être les structures linguistiques. La mutation actuelle du support de la communication est de ce point de vue à mettre en regard des changements culturels et linguistiques induits par le passage du manuscrit à l’imprimé dont témoignent, à la charnière des XVe-XVIe siècles, les incunables et, sur le plan linguistique, le passage d’une « syntaxe pour l’oreille » à « une syntaxe pour l’œil », pour reprendre les termes de la linguiste allemande Anne Betten (1992).
L’opération se positionne donc dans les questionnements actuels sur la place de la variation dans la modélisation de la langue et sur la restructuration de la diffusion du savoir. Elle pourra déboucher sur l’élaboration de nouvelles offres de formation en Master, alliant Humanités et numérique, dans une visée d’interdisciplinarité, d’innovation et de pérennisation des connaissances.
Les modalités de travail préconisées comporteront d’une part des actions propres à chaque domaine concerné, d’autre part une réflexion commune, par confrontation semestrielle des bilans d’activité de chacune des actions.
On présentera dans ce qui suit les deux axes (Réécriture, Circulation des savoirs) et les actions envisagées, en soulignant le cas échéant des points sur lesquels la collaboration des deux secteurs peut être a priori d’ores et déjà envisagée.
4.1 Axe Réécriture
La réécriture recouvre des pratiques diverses (copie, édition, traduction, transcodage, glose, parodie, pastiche, plagiat, transformation d’un mythe, écriture de la parole d’un autre par l’écrivain public ou le « nègre » littéraire, etc.) qui impliquent des formes variables d’altération (Peytard, 1993) et sont sous-tendues par la variation et le statut que l’on donne à celle-ci. Objet incontournable de la philologie depuis des siècles, et aussi des sciences de la littérature, à travers l’étude des sources puis de l’intertextualité, elle a fait l’objet au XXe siècle d’approches sémiotiques (en particulier au LASELDI) ; elle est au centre des travaux de la critique génétique développée à l’ITEM, à propos de la transformation (rédaction et édition) de textes littéraires modernes, mais aussi, dans une perspective cognitive, de l’étude de différents types de brouillons de scripteurs et d’apprenants. L’étude des brouillons dans une perspective génétique et didactique a d’ailleurs été menée, durant le quadriennal précédent, à MoDyCo, par Sylvie Plane et Catherine Boré, désormais rattachées à d’autres laboratoires.
Dans le quinquennal à venir, l’axe Réécriture se distingue des précédentes approches en tant qu’il veut s’attacher aux phénomènes de réécriture du point de vue interculturel, comparatif et diachronique, selon une visée anthropologique qui contribue à une réflexion sur l’articulation de la variation et de l’identique dans les sociétés humaines.
L’approche interdisciplinaire développée a l’ambition d’être productive pour les recherches linguistiques proprement dites comme pour les disciplinaires partenaires. On s’attachera à dégager les faits de langue sur lesquels porte la réécriture en cherchant à cerner l’incidence des paramètres énonciatifs sur les mécanismes langagiers.
Les actions proposées visent à décrire des faits de réécriture en relation avec leurs implications socio-culturelles et à contribuer à un renouvellement des pratiques de réécriture lexicographique en relation avec les mutations technologiques actuelles.
4.1.1. Pratiques éditoriales et linguistique de corpus
La multiplication des corpus informatisés et le développement de leur utilisation par les linguistes rend nécessaire de prendre conscience de la variation que subit le texte du fait de sa transmission par des éditeurs, scientifiques ou non, qui le transforment à différents niveaux (graphie, ponctuation, lexique, syntaxe). Parmi les éditeurs de textes anciens du français, on observe que les éditeurs du français médiéval, philologues de formation, visent à rendre compte du texte dans son authenticité et partant la variation de sa langue, tandis que les éditeurs de textes présentant des états plus récents de la langue (XVIe siècle, français classique), littéraires de formation, réduisent cette variation, donnant une image unifiée de la langue, conforme à un discours sur la langue souvent démenti par la pratique, mais confirmé par la réécriture éditoriale.
Dans le cadre de l’IR Corpus, on cherchera à préciser les présupposés et les implications de ces pratiques éditoriales, qui traduisent la représentation qu’un groupe social se fait de la langue et induisent en aval la représentation qu’une société se fait de sa langue, et par là, dans une certaine mesure, la langue elle-même. C’est à cette interaction entre transmission, représentation et objet que l’on voudrait s’attacher.
4.1.2 Réécritures interculturelles
Cette action s’attache à trois produits culturels de réécriture.
4.1.2.1 Adaptation d’œuvres médiévales en langue allemande
Nous étudierons plus particulièrement la réception des matières antique et bretonne dans les adaptations médiévales en langue allemande. Dans les deux cas, il s’agit de montrer de quelle façon le travail de réécriture produit un texte avec un sens nouveau, dû au contexte socio-historique allemand et à une intention particulière. Le travail de réécriture des textes allemands devrait être envisagé sous un double aspect : celui de la transposition linguistique (traduction / adaptation) et celui de l’appropriation (aspect culturel). Il s’agit de montrer que les deux aspects se conditionnent mutuellement et que le déplacement chronologique et géographique des valeurs culturelles et des connaissances peut emprunter des voies différentes (par abbreviatio ou par amplifactio) – choix dont les conditions sont à déterminer.
Quant à l’adaptation de la matière bretonne à l’espace culturel germanique, l’exemple de l’adaptation allemande de Erec et Enide de Chrétien de Troyes – l’Erec de Hartmann von Aue (entre 1165 et 1177) – montre que le poète – bien qu’il s’inspire de Chrétien et respecte dans les grands traits le texte – amplifie considérablement l’œuvre française et surtout il donne à la matière bretonne une dimension didactique et religieuse qui n’était qu’esquissée chez Chrétien. Cette amplification s’explique-t-elle par le fait que le moyen haut allemand – étant donné ses caractéristiques accentuelles et phonétiques – s’organise plus difficilement en rimes que les langues romanes ? Nous nous interrogerons sur les manifestations du sens nouveau (étude du lexique, conception de la conjointure, cohésion et cohérence des unités textuelles, arrière-plan socio-historique et cadre culturel de référence propres à chaque roman, tradition manuscrite). Une autre réécriture – et même continuation – digne d’intérêt dans le cadre de nos recherches est le Parzival de Wolfram von Eschenbach (fin XIIe / début XIIIe s.). Basé sur le Conte du Graal de Chrétien de Troyes, c’est le premier texte en allemand dont le sujet est le Graal. L’analyse de cette réécriture nécessite la prise en considération de la tradition manuscrite du Conte du Graal de Chrétien et de ses continuations (afin de comprendre l’intégration d’unités textuelles appartenant à des copies différentes en une unité supérieure) ainsi que de celle de la situation socio-culturelle en Allemagne et des transferts culturels entre la France et l’espace germanique.
Tandis que la matière bretonne a été largement exploitée par les adaptateurs allemands, la matière antique, quant à elle, n’a jamais atteint dans l’espace culturel allemand la même importance qu’en France. Mais les quelques exemples représentatifs de cette matière ne sont pas les moindres. Le premier roman courtois en langue allemande, l’Eneasroman (entre 1170 et 1188) de Heinrich von Veldeke, est une transposition en allemand du Roman d’Enéas français. Cette dernière dépasse en nombre de vers son « modèle » français (est-il suffisant d’expliquer cela par la « rigidité » de l’allemand qui se plie moins facilement aux contraintes de la versification ?). Heinrich von Veldeke était le premier poète à avoir proposé au public germanophone un roman courtois. L’analyse du travail de réécriture doit donc être envisagée de différents points de vue (macro-et microstructurels) : organisation de l’ensemble, jonction des unités textuelles, thèmes centraux (mythe...) et champs sémantiques (à étudier en parallèle avec les spécificités de l’espace culturel germanophone).
Le thème de Troie est étroitement lié au nom de Herbort von Fritzlar qui a ouvert la voie aux textes troyens par une adaptation du Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure. Le fait que l’intérêt pour la matière antique représente un cas isolé en terre allemande est confirmé par la tradition manuscrite peu fournie du Liet von Troye (un unique manuscrit complet et trois fragments). Pour le traitement de cette matière antique, Herbort a choisi la voie de l’abbreviatio (18 mille vers face aux plus de trente mille vers pour le Roman de Troie en ancien français). Il développe ainsi une esthétique de la brevitas qui permet une véritable réécriture de son modèle.
4.1.2.2 Troie aujourd’hui
On participera à une réflexion collective sur le thème « Troie aujourd’hui », mythe que la culture occidentale s’est appropriée diversement selon les époques et les lieux, en relation avec l’UFR Phillia et l’EA HAR.
Notre participation portera tout spécialement sur les réécritures du Roman de Troie de Benoît de Sainte-Maure, best seller de la littérature médiévale qui a connu de nombreuses réécritures du XIIIe au XVe siècle et dans la littérature européenne (en particulier en Allemagne) et sur le mythe des origines troyennes de l’« identité » française au XVIe siècle, en particulier dans les Illustrations de Gaule et singularitez de Troie (Lyon 1524) de Jean Lemaire de Belges.
La production envisagée d’une exposition sur le thème « Troie aujourd’hui » tirerait très certainement profit d’une collaboration avec les spécialistes d’Information et Communication.
4.1.2.3 Le PICS GRAAL
Le PICS GRAAL : « Les relations de réciprocités entre les Gloses de Rashi et les dialectes de l'Ancien français : une Analyse Linguistique »(dans l’hypothèse où il serait retenu) relèverait également de cette action, puisqu’il a pour objet les gloses à la Bible hébraïque rédigées au XIe siècle qui attestent un dialecte français noté en caractères hébraïques.
4.1.3 Jonctions et cohésion des unités textuelles et discursives. Approches dynamique et comparative
Cette action vise d’une part, dans une perspective comparative, à cerner la façon dont s’établissent jonction et cohésion, avec ou sans marques morphémiques, dans les textes (point1). Elle s’attachera par ailleurs à la description lexicographique des marques de jonction dans les textes de moyen français (point2).
4.1.3.1 Conjonctions et autres marques de jonction dans les langues
En partenariat avec des chercheurs d’autres opérations de MoDyCo et d’autres universités françaises et étrangères, on poursuivra les travaux engagés sur les divers procédés par lesquels les langues et les états de langue assurent l’intégration des unités textuelles en une unité supérieure que ce soit par un morphème grammatical, une marque de ponctuation ou tout autre procédé (prosodie, forme verbale, etc.).
Le partenariat avec l’équipe GELiTec de l’Université de Genève et avec le Romanisches Seminar et le Ibero-Amerika-Zentrum (IAZ) de l'Université de Heidelberg doivent donner des résultats fructueux par la comparaison de langues romanes, germaniques et slaves.
On participera dans ce cadre à la réflexion en cours sur l’utilisation de corpus multilingues, engagée par l’IR Corpus.
4.1.3.2 Pratique lexicographique de la réécriture : vers de nouvelles formes de dictionnaires
La lexicographie est soumise au renouvellement technologique en tant qu’elle relève de la « linguistique appliquée ». L’informatisation du dictionnaire doit permettre de développer de nouvelles formes d’utilisations plus efficaces et plus souples.
On s’y attache en poursuivant, en collaboration avec l’Atilf, le travail sur les Mots grammaticaux du Dictionnaire du moyen français ; conjointement à la rédaction des articles, on vise à mettre en place un ensemble pertinent de balises permettant un travail linguistique efficace. Le travail porte dans un premier temps sur les conjonctions, il sera étendu ensuite à d’autres catégories.
On voudrait prolonger ce travail en développant un Nouveau Dictionnaire du français pré-classique. Les historiens de la langue française s’accordent en effet pour reconnaître que le XVIe siècle constitue le tournant majeur dans la diachronie du français. Pourtant on ne dispose pas à ce jour de grammaire scientifique sur cet état de langue ni de dictionnaire complet et moderne. On voudrait contribuer à initier un travail lexicographique qui comble cette lacune.
Ce serait l’occasion de promouvoir la recherche de nouvelles formes de lexicographie visant, en relation avec l’ingénierie linguistique et les sciences de la communication, à développer de nouvelles formes de dictionnaire développant l’adaptabilité au besoin de l’utilisateur et l’efficacité dans l’accès à l’information. Un projet de cette nature nécessite la collaboration de linguistes et de spécialistes de l’ingénierie linguistique, mais aussi de spécialistes d’Information et Communication. On peut penser qu’en retour ces derniers trouveront dans les problématiques posées par un projet de cette nature l’occasion de développer des innovations dans l’accès à l’information.
Le développement de systèmes permettant d’accéder à l’information pertinente à travers et en dépit de la masse toujours croissante d’information semble un enjeu majeur pour la société contemporaine.
4.2 Edition numérique et circulation médiatique des informations, des contenus culturels et des connaissances scientifiques
Les profondes mutations de l’édition[1] électronique qui affectent le processus de travail intellectuel sont étudiées sous l’angle des évolutions des pratiques concernant les modes de production, de formatage, de présentation et d’échange d’informations et de connaissances. Nous nous intéressons à la manière dont les transformations numériques affectent le rapport aux informations et aux connaissances en reliant l’analyse de ces pratiques à celles des technologies, des artefacts, des textes et des discours, des acteurs et de leur contexte socio-culturel. Notre réflexion se situe dans le secteur des industries de la culture et de la communication[2], et des institutions patrimoniales ; elle peut également être une contribution aux humanités numériques. Ces mutations s’inscrivent dans le contexte des grandes évolutions technologiques et sociales, au cœur des processus d’industrialisation, d’informatisation et d’internationalisation de l’information. Elles sont caractérisées par la convergence multimédia,l’Internet des objets et l’accès mobile ; elles sont également associées à l’exploitation industrielle de logiques « transmédia » et « cross-média ».
4.2.1 Champ de recherche : Nouveaux objets éditoriaux, nouvelles formes éditoriales et circulation médiatique des informations et des connaissances
Le domaine de recherche que nous souhaitons développer traite des nouveaux objets éditoriaux et des nouvelles formes éditoriales, dans les relations qu’ils entretiennent avec la circulation médiatique des informations et des connaissances.
Ces travaux s’inscrivent dans le contexte des évolutions récentes des technologies de l’information et de la communication. Dans ce secteur, la rapidité des mutations socio-techniques place l’innovation au cœur de l’actualité sociale, médiatique, technologique et économique. Les innovations, c’est-à-dire les longs processus sociaux par lesquels les inventions atteignent les usagers d’objets socio-techniques (Alter, 2000), sont nombreuses dans le domaine des industries de la communication. Ces innovations sont présentes autant dans les artefacts que dans les pratiques de leurs usagers (Von Hippel, 2005 ; Alter, 2000) et de leur « invention du quotidien » (de Certeau, 1980). Elles sont liées au développement de l’Internet des objets et de « l’informatique ubiquitaire » (Weiser, 1991), de « l’intelligence ambiante » (Istag, 2001) et de l’accès mobile, en direction d’une « mobilité augmentée » par l’usage des TIC (Dourish, 2006 ; Harrisson & Dourish, 1996). Ce contexte a favorisé le développement de terminaux nomades – tels que des tablettes, des smartphones, des ordinateurs ultra-portables ou des livres électroniques. De plus, l’apparition, à partir de 2003, d’outils numériques d’édition (de production et de mise en ligne de contenus) et de lecture s’est généralisée. Enfin, les évolutions du web sémantique (Berners-Lee et al., 2001) et du web social (Millerand et al., 2010) ont bouleversé les pratiques de production et d‘accès à l’information.
4.2.2 Mutations des objets éditoriaux et des formes éditoriales, mutations des modes de communication
Nous situons nos travaux à l’intersection des spécificités des technologies et des dispositifs socio-techniques numériques, et de leur appropriation sociale dans les médias et dans l’espace public. Nous portons l’attention sur les nouvelles formes de médiation (technique, sociale, culturelle) aux objets informationnels et culturels. Nous posons la question des mutations des modes de communication dans ces environnements. Ils sont analysés dans l’observation des formes de la médiation socio-technique et culturelle dans les artefacts et les logiciels, dans les relations entre éditeurs, auteurs et lecteurs d’informations et de connaissances, ainsi que dans des pratiques d’interaction, de co-production et d’échange d’information.
Le développement de l’édition électronique est passé par les trois grandes étapes de la numérisation, de l’édition numérique, et de l’édition en réseau, sur lesquelles sont venus se greffer des enjeux économiques, technologiques et politiques (Dacos & Mounier, 2011). À la suite des médias informatisés (Souchier et al., 2003), ces outils numériques et les pratiques d’édition qui y sont associées facilitent des autopublications (Cardon et al., 2006a) et des usages sur des terminaux mobiles. Associés aux formats du web, ils prennent la forme de « blogs » (Cardon et al., 2006b), de « wikis », d’outils de gestion de contenus (CMS, Content Management systems), de systèmes de télédiffusion multimédia[3], de flux de syndication. Les mutations du document numérique (Pédauque, 2006 ; Chartron & Broudoux, 2006), concernent plusieurs aspects tels que l’organisation, la représentation, la publication (Salaün & Vandendorpe, 2004) des informations et des connaissances. Les interfaces et les modalités de lecture (Bélisle, 2004) sont également abordées dans un contexte socio-culturel où l’on observe une baisse de l’activité de lecture (Donnat, 2009). Les interrogations scientifiques portent sur les nouveaux modes de lecture qui se développent en association avec la multiplication des écrans et l’écriture hypertextuelle et multimédia, qui font craindre une perte de l’attention et de la concentration (Carr, 2008). Des pratiques de co-production et de partage de contenus culturels multimédias en ligne se sont développées sur les plateformes du web 2.0 (ou « web social ») ; elles amènent les chercheurs à poser la question d’une « possible mutation de la communication » (Millerand et al., 2010) envisagée dans ses aspects technologiques, sociaux et politiques. Les usages de ces technologies de communication pourraient révéler les « nouveaux enjeux politiques et éthiques d’une société hypermoderne hautement connectée » (Jauréguiberry & Proulx, 2011).
Les travaux sur la sociologie des usages montrent de quelle manière les artefacts informatiques et électroniques s’insèrent, dans le champ médiatique, à la fois dans une continuité et une évolution. Dans cette direction, l’écologie des « médias hybrides » (Jenkins, 2006) prend en compte la diversité des formats et des sources d’information, et les nouveaux équilibres qu’ils suscitent. L’expression des « médias de masse individuels » (Castells, 2007) rend compte des réceptions et des usages individuels des mass media. Dans les arts et les médias « praticables », de nouvelles pratiques médiatiques, techniques et sociales sont mobilisées pour concevoir et « agir » des œuvres-médias dont des fragments demeurent potentiels, « à faire » (Fourmentraux, 2012). De nouvelles formes éditoriales se développent et restent largement à étudier ; citons le journalisme de données, le livre enrichi, le blog documentaire, le web-documentaire, ou encore les applications pour outils de communication mobile (les applications de presse en ligne, les applications d’institutions culturelles de musées ou de bibliothèques, les applications de lecture multimédia, les applications de dictionnaires.…). Les livres numériques (Dacos, 2010), à lire via des logiciels de lecture multimédia sur des terminaux numériques, évoluent vers la notion de « livre augmenté » (ou enrichi, étendu). Les contenus sont multimédias (en associant des textes, des images, du son et des vidéos), hypertextuels et interactifs. Selon une démarche intertextuelle, ils ouvrent à d’autres textes en mêlant des genres éditoriaux différents (des œuvres de fiction, des dictionnaires unilingues ou bilingues, des encyclopédies, des dictionnaires, des ouvrages scientifiques, des guides culturels ou touristiques, des méthodes d’apprentissage…). Les contenus font l’objet de manipulations informatiques et mathématiques diverses (recherches en plein texte en utilisant un moteur de recherche interne) et peuvent être complétés par des ressources externes. Ces objets éditoriaux hybrides, issus de la culture du livre et de la culture informatique (Juanals, 2005), sont situés entre mimesis et innovation. Caractérisés par leur simplicité et leur souplesse d’utilisation, les artefacts et les logiciels favorisent des usages en situation de mobilité, l’auto-édition, l’interaction et la participation accrue des internautes. Dans des contextes professionnels et privés, leurs usages sont nombreux dans le domaine de l’édition d’informations et de connaissances. Ils ont alimenté de nouvelles pratiques éditoriales de production et de diffusion de ressources, de recherche et de consultation de l’information, ainsi que de lecture. De plus, dans des systèmes informatisés, les aspects mathématique et technique apparaissent essentiels de par le rôle qu’ils jouent dans le traitement et la représentation des données.
Les modes de production et de communication des modes de l’information ont évolué. Les relations entre auteurs, éditeurs et lecteurs d’informations ont également évolué. L’apparition des « pro-am », les « professionnels-amateurs », témoigne du brouillage des statuts et des rôles des acteurs (Leadbeater & Miller, 2004). Des problèmes juridiques se posent quant à la propriété intellectuelle et la diffusion ouverte de biens culturels « remixés » (Lessig, 2008). Certains travaux analysent, entre autres, les modes d’organisation, de participation et de régulation des communautés en ligne (Rheingold, 1993, 2002) dans la production des connaissances (Bryant, Forte, Bruckman, 2005). Dans les environnements numériques, les pratiques éditoriales ont intégré le développement des plates-formes du Web social pour la production et la communication culturelle envers le grand public, ou encore la diffusion des connaissances via des archives ouvertes scientifiques. Les consommations et les recommandations collectives du web social jouent un rôle croissant dans ces évolutions (Limpens et al., 2010). L’expression des internautes, au moyen d’outils simples d’utilisation, facilite leur intervention en qualité d’éditeurs : ils contribuent à produire et à diffuser – éditer – des contenus nouveaux (dans des archives ouvertes ou des communautés collaboratives, dans des logiciels sociaux, dans des sites commerciaux), ou à commenter et à compléter les contenus d’information « officiels » disponibles dans des domaines variés (comme l’information scientifique, pédagogique, de vulgarisation, d’actualité…). Les échanges d’informations entre pairs se développent avec la possibilité de créer des systèmes d’édition également entre pairs qui mettent en place une communication collaborative : par exemple, dans les blogs, les lecteurs de médias commentent et complètent les informations ou les connaissances « légitimées » socialement, diffusées par les grands médias, les éditeurs, les institutions éducatives (Markines et al., 2009). La populaire encyclopédie en ligne Wikipédia est emblématique des modes d’écriture collaborative en réseau ; les études consacrées à cette entreprise éditoriale ont été centrées sur des questions de qualité éditoriale des contenus (Giles, 2005), ou encore sur ses modes de gestion et de gouvernance éditoriales en association avec son projet démocratique (Firer-Blaess, 2007 ; Cardon & Levrel, 2009). Dans les grands médias, les interactions sont de plus en plus fréquentes entre des journalistes et leur public (les contributions d’internautes – photos, textes – et les articles des journalistes peuvent se côtoyer sur un site de presse). Avec les archives ouvertes des publications scientifiques, des chercheurs promeuvent l’accès libre aux résultats de la recherche pour une diffusion rapide et élargie des travaux (OCDE, 2007).
4.2.3 Technologies d’exploitation et de représentation des données : vers un nouvel écosystème informationnel ?
La question du web de données constitue une évolution majeure dans l’accès à l’information. C’est une expression floue qui recouvre la question technique du web sémantique (langages de description des données, outils de moissonnage et de navigation dans ces données), les données ouvertes et publiques (open data), et l’exploitation des données en ligne (big data). Ce dernier aspect inclut la traçabilité des comportements en ligne, le croisement des données pour construire de nouvelles données, les nouveaux modes de représentation (conceptuelle, visuelle) des données.
Dans cet écosystème informationnel, nous nous intéressons à la manière dont les outils logiciels ont profondément affecté les conditions de lecture et d’écriture, ainsi que les modalités techniques de diffusion des connaissances. Sur Internet, le lecteur se trouve engagé dans des parcours de lectures proposées par des logiciels qui construisent des connaissances en exploitant les parcours des autres lecteurs. Dans cette direction, nous pouvons citer les systèmes de recommandation fondés sur les consultations antérieures des autres lecteurs (les lecteurs qui lisent la présentation de ce livre lisent aussi les présentations de ces autres livres), ou la construction de clusters de proximité d’intérêts appuyée sur la connaissance de pratiques de navigation antérieures qui ont été tracées. De nouvelles pratiques informationnelles se développent.
En particulier, l’évolution des techniques d’indexation (interne et externe) des documents – portant sur leur fonction de description –, le filtrage et la traçabilité de l’information en sont des aspects essentiels. Ces besoins suscitent la création de thésaurus et de métadonnées, voire d’ontologies ; tout ceci repose en partie sur une structuration sémantique des pages web et posent de manière aigüe le problème du multilinguisme. Dans le traitement, la classification et la représentation des connaissances, des technologies de représentation des données comme la « clusterisation » (méthode des agrégats) et la cartographie se développent. De plus, l’ouverture vers le web de données amplifie les possibilités de mise en relation des données.
5. Bibliographie
Aigrain Ph., Cause commune : L'information entre bien commun et propriété, Paris, Fayard, 2005.
Alter N., L’innovation ordinaire, Paris, PUF, 2000.
Bélisle C. (dir.), La lecture numérique : réalités, enjeux et perspectives, Villeurbanne, Presses de l’enssib, 2004.
Berners-Lee T., Hendler J., Lasilla O., The Semantic Web, Scientific American, May 2001.
Betten, A., 1992, « Sentence connection as an expression of medieval principles of representation », in Internal and external factors in syntactic change, M. Gerritsen et D. Stein éd., Berlin, Mouton de Gruyter, 157-174.
Bryant S., Forte A., Bruckman A., Becoming Wikipedian: transformation of participation in a collaborative online encyclopedia. ACM Press, 2005.
Callon M., Lascoumes P., Barthe Y., Agir dans un monde incertain. Essai sur la démocratie technique, Paris, Seuil, 2001.
Cardon D., Jeanne-Perrier V., Le Cam F., Pélissier N. (dir.), Autopublications, revue Réseaux, vol. 24, n° 137, revue Hermès-Lavoisier, 2006a.
Cardon D., Jeanne-Perrier V., Le Cam F., Pélissier N. (dir.), Les blogs, revue Réseaux, vol. 24, n° 138, revue Hermès-Lavoisier, 2006b.
Cardon D., Levrel J., « La vigilance participative. Une interprétation de la gouvernance de Wikipédia », Réseaux, n° 154, 2009, p. 51-89.
Carr N., « Is Google Making Us Stupide ? », The Atlantic, Juillet-août 2008.
Castells M., « Communication, power and counter-power in the network society », International Journal of Communication, n° 1, p. 238-266, 2007.
Cerquiglini B., 1989, Éloge de la variante. Histoire critique de la philologie, Des Travaux/Seuil, 123 pages
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Chartier, Roger, Culture écrite et société, Paris, Éd. Albin Michel, 1996.
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Dacos M. (dir.), Read / Write Book, le livre inscriptible, Cléo, 2010.
Dacos M., Mounier P., « Edition électronique », in Casilli A. (dir.), Cultures du numérique, revue Communications, 2011, p. 47-55.
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[1] Dans le secteur de l’édition du livre, le terme « édition » est rattaché à l’activité de l’éditeur qui assure la publication et la vente d’ouvrages imprimés. Dans un sens récent, il inclut, par analogie, des œuvres audiovisuelles, numériques et multimédias. Il est question ici d’édition de contenus numériques et multimédias produits par des industries culturelles.
[2] Les industries de la culture, de l’information, et de la communication regroupent les industries culturelles et médiatiques (édition, presse, radio, télévision, musique, audiovisuel), et les industries de l’information et de la communication. En lien étroit avec les industries culturelles et médiatiques, les industries de support et de communication constituent une catégorie hybride qui associe des supports et des technologies numériques (industrie des matériels, tels les ordinateurs, les baladeurs, la téléphonie mobile), des services en lien avec les télécommunications (l’Internet, le web et les services numériques qui y sont associés) et des contenus culturels.
[3] Référence au « podcast », néologisme anglophone formé par « Ipod » et « broadcasting ».
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