Variétés des styles et des dynamiques de la production écrite
1. Membres de l’opération
Membres rattachés à titre principal
Sylvie Plane (responsable)
Danièle Cogis
Colette Corblin
Françoise Gadet
Nathalie Lewi-Dumont
Doctorants
Diana Balaci
Marie-Françoise Fradet
Bernadette Lafourcade
Jeune chercheur associé
Emmanuelle Guerin
Collaborations extérieures
Denis Alamargot (LMDC, Université de Poitiers)
Catherine Brissaud (LIDILEM, IUFM de Grenoble)
Véronique Bourhis (IUFM de Bretagne)
Irène Fenoglio (ITEM, CNRS)
Claudine Garcia-Debanc (IUFM de Midi-Pyrénées)
Franck Ganier (Université de Haute-Bretagne)
John Harbord (Université de Budapest)
Thierry Olive (LMDC, Université de Poitiers)
Sabine Pétillon (ITEM, CNRS)
2. Problématique
L’objectif de cette recherche est de fournir des éléments pour déterminer des profils de scripteurs afin d’affiner les modélisations du processus scriptural dont on dispose actuellement, qui sont dérivées pour la plupart du modèle princeps de Hayes & Flower 1980. Ces modélisations formelles n’intègrent ni les caractéristiques idiosyncrasiques de l’activité scripturale, ni les spécificités génériques des textes à produire. En outre, elles s’intéressent peu à la manière dont s’opère la textualisation proprement dite. Il s’agit donc de collecter des données exemplaires et de les analyser afin de faire apparaître l’étendue des variations qui entrent en œuvre dans le processus scriptural, et de décrire les manières dont s’opère la genèse et le tissage textuel. Cette recherche s’intéresse plus particulièrement à deux familles de genres d’écrits, les écrits de synthèses et les écrits narratifs dont la production recouvre des enjeux scolaires.
Du point de vue méthodologique, les données sont recueillies soit en situation écologique soit en situation expérimentale. Elles sont de trois ordres : traces graphiques, enregistrements d’interactions verbales lors de l’écriture collaborative, et enregistrements des mouvements oculaires (dispositif eye and pen de Alamargot & Chesnet). Dans tous les cas, la recherche a recours à un même cadre théorique permettant de traiter de façon cohérente les données recueillies à partir des outils d’analyse issus des trois champs de recherche s’intéressant à la textualisation : linguistique textuelle, psycholinguistique de l’écrit, et critique génétique.
Les variables examinées pour déterminer des profils de scripteurs concernent : a) les modes de traitement scriptural de la consigne, b) les modes de gestion des contraintes linguistiques, c) les modes d’appropriation de l’espace graphique en fonction de l’outil graphique, et d) les caractéristiques temporelles du processus scriptural.
3. Actions
1) Traitement des contraintes et variétés des modes rédactionnels
Cette recherche s’attache à repérer des variables et des invariants dans les modes rédactionnels, de façon à discerner comment s’opère le développement des capacités rédactionnelles.
Pour des raisons d’ordre méthodologique et théorique, on considère la production d’écrit comme une activité au cours de laquelle le scripteur est amené à traiter à la fois des contraintes d’ordre psycholinguistique, dues aux limites de ses capacités mémorielles, et des contraintes d’ordre linguistique de niveaux inégaux mais non hiérarchisables. La complexité de ces facteurs fait que les processus scripturaux connaissent nécessairement de grandes variations dans leur mise en œuvre, mais aussi des spécificités dues aux caractéristiques partagées par des scripteurs relevant de catégories relativement homogènes en termes d’âge ou d’habiletés linguistiques.
La recherche comporte deux volets, Le premier volet s’attache à décrire et comparer des modes de textualisation en s’attachant à la manière dont s’opère le traitement de contraintes éventuellement antagonistes, ainsi qu’à l’inscription de ce traitement dans la temporalité de l’écriture.
Le deuxième volet vise à rendre compte des différentes formes d’évolution de l’activité rédactionnelle, envisagée non pas uniquement sous l’angle des performances, mais aussi sous celui de l’activité du scripteur, de façon à mettre en évidence les faisceaux de causalités qui s’exercent sur cette évolution.
Les deux volets de cette recherche s’appuient sur l’analyse comparée de protocoles d’écriture auxquels sont soumis des scripteurs différenciés en fonction de critères spécifiques.
2) Aide à l’écriture et traitement de la consigne
Le projet de recherche porte sur la comparaison d’écrits répondant à une consigne identique avec un script imposé, mais utilisant deux aides d’écriture différents. La méthodologie est celle de l’analyse comparative de productions d’écrits répondant à des situations différentes.
L’étude porte sur la production d’un récit en classe de CM2 ayant pour thème la narration d’un voyage scolaire fictif ; d’une part, on fournit au premier groupe de scripteurs un dessin d’itinéraire légendé par des indications sommaires concernant les horaires et les lieux, d’autre part on fournit au deuxième groupe une liste écrite renvoyant à ces horaires et à ces lieux.
L’objectif est de déterminer d’abord si le type d’aide à la narration (schéma vs texte) contraint le style de la narration, l’emploi des temps et des connecteurs spatiotemporels en particulier. Il s’agit donc de définir par quoi se manifeste l’éventuelle contrainte exercée sur l’écriture. La visée est pédagogique, puisqu’on cherche à définir comment l’aide à l’écriture, par sa nature, langagière ou non, pourrait avoir un impact sur le développement des compétences narratives, et pour quels enfants.
3) Modes de collaboration dans l’écriture dite « à quatre mains »
Cette recherche porte sur les modes de collaboration dans l’écriture collaborative. Elle s’intéresse plus particulièrement à l’écriture dite « à quatre mains », qui recouvre des modalités de rédaction fréquentes et diverses dans le domaine du littéraire à partir de 1850.
Le volet épistémologique de cette recherche concerne l’évolution des modalités d’écriture. Il s’agit de définir le cadre méthodologique d’un recueil de données significatif permettant de traiter l’hétérogénéité des éléments d’information issus des traces graphiques et des mises en scène littéraires de l’activité d’écriture, et de constituer un corpus rassemblant des exemples littéraires d’écriture collaborative, des entretiens et des témoignages afin de faire un historique retraçant les évolutions historiques de l’écriture collaborative et de sa réception.
Le deuxième volet de cette recherche porte sur l’analyse de protocoles d’écriture collaborative différenciés selon des variables déterminées par l’analyse épistémologique.
4) Dynamique d’acquisition de l’orthographe
Dans le prolongement du quadriennal 2004-2007, qui avait donné lieu à une enquête importante sur les compétences orthographiques des élèves, cette recherche a pour but d’approfondir l’identification des représentations des élèves dans le domaine de la morphographie, afin d’affiner le modèle actuel en menant des entretiens avec des élèves de collège et de valider les propositions didactiques. Cette recherche en cours fait l’objet d’une collaboration étroite avec Catherine Brissaud, du laboratoire LIDILEM de l’Université de Grenoble 3.
5) Gestion des contraintes orthographiques en production écrite
Cette recherche pluridisciplinaire s’inscrit dans le cadre du GDR « Pratiques de production Verbale Écrite » (2007-2011) (Responsable : Denis Alamargot, MC IUFM Poitou-Charentes, Laboratoire LMDC-CNRS : Gestion des contraintes cognitives et linguistiques).
La premier volet de la recherche vise à évaluer l’impact des contraintes orthographiques sur le processus de production écrite et l’effet sur l’acquisition et le développement, en croisant les approches psycholinguistiques et linguistiques. Pour décrire la variation rédactionnelle en fonction du contexte d’écriture, diverses variables sont examinées : expert-novice, genres discursifs contrastés (narratif/explicatif), production initiale-révision, caractéristiques orthographiques différenciées finnois/français (orthographe transparente vs opaque).
Un second volet de cette recherche s’intéresse plus particulièrement à la description des dynamiques de scription. L’analyse en temps réel des interventions de différents scripteurs permet de déterminer le mode de prise en compte des normes orthographiques en cours d’écriture.
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