Variétés des styles et des dynamiques de la production orale

 

 

  1. Membres
  2. Problématique
  3. Actions




1. Membres de l’opération

Membres rattachés à titre principal

Françoise Gadet (responsable)
Marie Carcassonne
Mireille Froment
Marc Klein
Sylvie Plane
Christine Pauleau

Doctorants
Diana Balaci
Sahar Benslimane
Mokhtar Farhat
Danièle Josèphe
Anna Makerova
Nicoletta Michelis
Isabelle Mouclier
Julie Peuvergne
Larbi Rais
Jamila Sebbar
Baligh Sohbani

Jeune chercheur associé
Emmanuelle Guerin

Membre associé
Henry Tyne (Université de Southampton)

Collaborations extérieures
Paul Cappeau (Université de Poitiers)
Wulf Œsterreicher (Université de Munich)





2. Problématique

L’opération sur les dynamiques dans la production orale vise à documenter la variété des productions orales (ou du moins, celles dans lesquelles c’est l’oral qui tient une place prépondérante), en les étudiant par le biais des interactions et du dialogisme, plus que des situations elles-mêmes. C’est cette exigence de point de vue sur le dialogue et l’interaction qui dicte les terrains retenus, la plupart d’entre eux étant sélectionnés dans la vie scolaire, mais pas seulement : des pratiques sociales partie prenante de la vie scolaire qui mettent en œuvre la notion de genre discursif, comme par exemple dans l’observation de débats en classe (action 2), ou le fonctionnement des conseils de la vie scolaire (action 3), ainsi que de dialogues scolaires (action 4) ; mais aussi l’amplitude de la variation chez un locuteur unique, que l’on appelle « style » (action 1).





3. Actions

1) Documenter la diversité stylistique
Cette action prend la suite de l’action sur le style (voir partie Bilan), cherchant à documenter la diversité des productions orales en les abordant à travers cet angle d’attaque privilégié, qui tire les conséquences de ce que la diversification stylistique est une propriété des langues dans leur usage, et que le style est un phénomène définitoire des langues, permettant un accès à leurs dynamiques. Le point de départ est dans le locuteur, dont les « façons de parler » ne sont pas passivement soumises aux situations dont il est partie prenante, mais qui dispose d’une certaine latitude d’initiative, qu’il met en œuvre dans la palette diversifiée de ses ressources linguistiques et langagières.
Les objets pris en compte peuvent être très divers, puisque l’objectif est de documenter tout événement de langage qui pourra venir nourrir la réflexion sur la variation stylistique et sa place dans la représentation des langues et leurs frontières. Pour le moment, différentes thèses en cours se fixent sur les objets suivants : la façon dont l’oral met en jeu un rapport à l’écrit (thèses Bellonie, Favart, Josèphe), la maîtrise du style en L2 (thèses Michelis, Guehria), la langue des jeunes (thèses Balaci, Bellonie, Makerova, Sohbani), le style dans différentes situations de francophonie (thèses Benslimane, Guehria, Peuvergne, Rais, Sebbar) et professionnelles (thèse Mouclier), l’exploitation de l’oralité chez les comiques (thèse Farhat).

2) Le débat à l’école : autour du thème du rapport à l’autre, construction des points de vue et hétérogénéité des sources énonciatives
Le projet porte sur la construction des points de vue et l’hétérogénéité des sources énonciatives dans des débats en classe ayant pour thème le rapport à l’autre. En effet, les récentes Instructions Officielles pour l’école primaire incitent à développer les capacités argumentatives des élèves dans des débats au cours desquels il est recommandé de « faire appel à leur expérience personnelle ».
La pratique du débat scolaire travaille dans une « zone de contact », entre le monde de l’école et celui du hors école, où se trouvent confrontées différentes normes et valeurs, diverses façons de dire et de faire. Les pratiques concrètes dans la classe constituent les observables de cette hétérogénéité, de même que des tensions et contradictions qu’ils génèrent.
L’école, tout en étant un lieu de préconstruit social et culturel, est traversée par un écheveau complexe de points de vue hétérogènes et plus ou moins compatibles portant aussi bien sur les savoirs et l’apprentissage que sur les normes et les valeurs. Les acteurs peuvent être pris dans des contradictions, des tensions plus ou moins aiguës du fait de la diversité des façons d’être, de dire et de faire attachée à l’hétérogénéité des groupes de socialisation, ce qui ne peut pas ne pas avoir d’effets sur la construction des points de vue.
Les données sont constituées de l’enregistrement audio de débats recueillis dans des classes de CE1/CE2 (8-9 ans) d’écoles primaires. L’étude vise à éclairer les effets du cadre scolaire et disciplinaire (instruction civique, atelier philo) sur « l’objet dont on parle », sur la façon dont se construisent les points de vue sur un thème. On écarte la conception d’un sujet locuteur conscient et unifié. La question du point de vue, de sa construction et de ses évolutions conduit à prendre en compte la diversité des voix, la relation entre « construction des points de vue » et « sources énonciatives », c’est-à-dire hétérogénéité des énoncés, des capacités énonciatives, des sources de connaissances.
C’est l’enchaînement textuel qui montre l’intention discursive, non la structure de l’énoncé. Bakhtine propose une conception large du contexte culturel, créée par le discours d’autrui : en termes d’opinions, de jugements de valeur, de points de vue. L’objet de l’étude est alors le dialogisme qui structure le discours (mode discursif, reprise-modification du discours d’autrui, conduites de métaphore et de mélange).
Pour penser concrètement ces problèmes, il faut élaborer une méthodologie spécifique qui permette d’observer comment se construisent les points de vue, dans le milieu solaire et dans le cadre de l’hétérogénéité des sources énonciatives. Plutôt que de privilégier la présence ou l’absence de marques de la diversité des plans énonciatifs et des modes de prise en charge des énoncés par un locuteur, nous nous intéressons aux mouvements dans le déroulement des discussions, à la dynamique temporelle des dialogues, à l’entrelacs entre genre, thème, place et manifestations idéologiques, non assignables dans tel mot ou telle construction syntaxique.

3) Evénements discursifs et travail langagier dans les conseils d’élèves
Elaboration d’un modèle d’analyse destiné à rendre compte des événements discursifs et du travail cognitivo-langagier qui s’opère à l’occasion de la tenue des conseils de « vie scolaire ». Ces conseils réunissant élèves et enseignants constituent l’une des réponses institutionnelles aux phénomènes d’incivilité et de violence qui affectent le milieu scolaire. Ces conseils ont pour objectif de donner aux élèves et aux maîtres l’occasion de revenir sur des comportements, des ressentis et des points de vue plus ou moins spontanés, pour entrer dans une démarche réflexive et pacifier les relations interpersonnelles. Les Conseils ouvrent la possibilité de débattre et de légiférer à propos des rapports entre pairs, entre individu et institution, de la vie sociale au sens large du terme. De ces pratiques concrètes dépendent la qualité des relations interpersonnelles et plus spécifiquement la façon dont se joue le rapport de rôle enseignant-élèves.
Dans les conceptions qui ont présidé à la mise en place de ces conseils, la verbalisation et le dialogue sont considérés comme un moyen d’analyser, d’équilibrer les tensions, d’éviter le recours à l’acte violent, en favorisant l’explicitation des implicites scolaires et relationnels.
On confrontera l’efficacité pour interpréter les faits langagiers collectés de deux modes d’analyse, relevant pour l’un de la linguistique interactionnelle et de l’analyse conversationnelle, et pour l’autre d’une approche interprétative qui tient compte de l’hétérogénéité constitutive du sujet parlant.

4) Dialogue, accordage et temporalité dans le dialogue scolaire
Dans le cadre global de l’organisation de la parole en interaction dans le contexte scolaire, on se propose d’analyser la spécificité des interactions maître-élèves et/ou élèves-élèves, du point de vue de la temporalité du discours d’un sujet dans sa relation à la temporalité du discours d’un autre sujet (d’autres sujets), et en tenant compte des aspects non verbaux (posturo-mimo-gestuels). Il s’agit d’aborder cet aspect de l’interaction par le biais du lien subjectivité et temporalité. La temporalité du discours d’un sujet dans sa relation avec celle du discours d’un autre : temporalité du discours de la maîtresse en relation avec la temporalité du discours des élèves, temporalité du discours d’un élève en relation avec celle d’un autre élève et/ou des autres élèves.
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