Séminaire "Atypies et dysfonctionnements langagiers"
Séminaire « Atypies et Dysfonctionnements langagiers » organisé par Caroline Bogliotti & Christophe Parisse
2er mardi du mois, 10h-12h, Batiment Rémond (A), salle 305 ou 406,
PROGRAMME 2018-2019
séance 1 9/10/2018 Franck Ramus
LSCP, ENS
En quoi le cerveau des enfants dyslexiques diffère-t-il de celui des normo-lecteurs ? Peut-on identifier des marqueurs neuroanatomiques de la dyslexie, permettant de la prédire à l’avance ? Nous discuterons à la fois nos résultats et les autres travaux publiés sur le sujet, ce qui nous amènera à une discussion plus vaste concernant le pouvoir prédictif des corrélats, la réplicabilité des résultats, les biais de publication et les bonnes pratiques statistiques.
-----------------------------------------------------------
séance 2 13/11 Mireille Babineau
Titre : Synergies lors de l’acquisition du lexique et de la syntaxe
Chercheure post-doctorante
Laboratoire des Sciences Cognitives et Psycholinguistique (LSCP)
ENS-EHESS-PSL
Pour arriver à apprendre le sens d’un nouveau mot, les jeunes enfants peuvent utiliser le sens des autres mots de la phrase, ainsi que le contexte syntaxique. Ce mécanisme d’initialisation syntaxique (« syntactic bootstrapping » ; e.g. Gleitman, 1990) démontre bien que les connaissances dans un domaine (e.g. la syntaxe) sont nécessaires pour acquérir des connaissances dans un autre domaine (e.g. le sens des mots). Ainsi, si on entend une phrase telle que « Oh regarde, elle dase ! », le pronom indique que « dase » réfère à un verbe et possiblement à une action, alors que si on entend une phrase telle que « Oh regarde! Une dase ! », l’article nous indique qu’il s’agit d’un nom et possiblement d’un objet (e.g., de Carvalho, Babineau, Waxman, Trueswell & Christophe, en révision). Selon l’hypothèse de la graine sémantique (e.g. Christophe et al., 2016), ce sont les connaissances précoces du sens de quelques mots (noms et verbes) qui permettent aux enfants d’initialiser la création des catégories syntaxiques, i.e. les bébés doivent apprendre que les noms/objets (par ex. « biberon ») sont souvent précédés par des articles (« un », « des »), alors que les verbes/actions sont souvent précédés par des pronoms (« tu », « elle »). Mes travaux examinent l’apport des mots et contextes connus par l’enfant lors de l’apprentissage de nouveaux mots. Dans un premier temps, nous avons démontré que les bébés de 14 mois peuvent catégoriser de nouveaux noms, alors que la catégorisation de nouveaux verbes représente un défi sauf lorsqu’ils sont accompagnés de verbes connus (Babineau, Shi & Christophe, soumis). Ainsi, dès un très jeune âge, les bébés connaissent déjà bien les contextes où apparaissent les noms et les verbes familiers (voir aussi Babineau & Christophe, en préparation). De plus, les jeunes enfants peuvent rapidement intégrer de nouveaux mots grammaticaux et apprendre le sens qu’ils prédisent (e.g. Babineau, de Carvalho, Trueswell, & Christophe, en préparation ; Barbir, Babineau, Fiévet & Christophe, en préparation). Par exemple, les enfants de 3-4 ans sont capables d’intégrer un nouveau mot de fonction (e.g. ko) en utilisant son contexte syntaxique pour ensuite l’utiliser aisément comme un pronom ou bien comme un article (e.g. inférer le sens probable d’un nouveau mot tel que « ko dase », dase = action). En somme, ces résultats démontrent qu’il existe un lien fort entre l’acquisition du lexique et de la syntaxe, et que les enfants possèdent dès un âge précoce la capacité à généraliser leurs connaissances dans ces deux domaines.
-----------------------------------------------------------
séance 3 11/12 Nathalie Lewi-Dumont
MCF à l'INSHEA (Institut national supérieur de formation et de recherche pour l'éducation des jeunes handicapés et les enseignements adaptés)
Titre: Quelques spécificités de l’accès au langage oral et écrit des jeunes aveugles
Après un rappel de quelques caractéristiques des jeunes déficients visuels (aveugles et malvoyants), population rare dans les pays développés et peu étudiée (cf. Hatwell, 2003, Lewi-Dumont, 2016), on abordera les principales particularités de l’acquisition du langage oral chez l’enfant aveugle, à partir de divers travaux (Fraiberg, 1977 ; Hatwell, 2003, Lewi-Dumont, 1997, 2000, 2011 ; Pérez-Pereira & Conti-Ramsden, 1999). Puis, après une présentation du fonctionnement du système braille (Mellor, 2008), on évoquera les spécificités de l’accès à l’écrit par la modalité tactile (Hatwell, 2003, Lewi-Dumont, 1997, 2016 ; Millar, 2013), tant pour les enfants que pour les personnes plus âgées et les perspectives de recherche en la matière.
-----------------------------------------------------------
séance 4 08/01 Barbara Kopke
Professeur en sciences du langage, Octogone-Lordat (EA 4156), Université de Toulouse (UT2)
Titre: La place de l’attrition dans le développement bilingue : vers un continuum entre influence translinguistique, changement de dominance et attrition ?
--------
séance 5 12/02 Eva Guttierez-Sigut
Research fellow.
Departamento de Metodología de las Ciencias del Comportamiento.
Universidad de Valencia
Titre: “Language processing in deaf signers: from phonological processing to semantic access »
-------
séance 6 12/03 Christelle Maillart
Professeur à l'Université de Liège, département de Logopédie
------
séance 7 09/04 Marion Fossard
PR, Institut Sciences du Langage et de la Communication, Université de Neuchâtel
Titre: Dynamique discursive et marqueurs de référence : comment (différents) locuteurs ajustent-ils leurs choix référentiels lors d’une tâche collaborative de narration d’histoires ?
-----
séance 8 14/05 Anna Ghimenton
MCF à l'Université Lumière Lyon 2.
Titre: Analyse perceptive des attitudes linguistiques vers la variation chez l'enfant francophone âgé entre 5 et 12 ans
-----
séance 9 11/06 Stéphanie Caët et Marion Blondel
Université de Lille et SFL (CNRS, Université Paris 8)
Titre: Evaluation d’une production narrative (structure & grammaticalité) : méthodologie et premiers résultats pour la LSF (enfants sourds de 4 à 11 ans)
--------
PROGRAMME 2017-2018
Date |
Nom |
Thématique |
10/10 |
Perinne Brusini, Department of Psychology, Université de Cambridge |
Acquisition L1 phono |
14/11 |
Annulé |
|
5/12 |
Simone Falk, LPP, UMR 7018 CNRS, Université de Paris 3 |
« Le rythme et les troubles de la parole – quelques résultats et réflexions sur le bégaiement » |
9/1 |
Alienor Bouchaud, Université de Toulouse
L’apprentissage de la lecture d’une langue vocale est considéré comme la mise en relation de formes phonologiques avec des formes orthographiques. Une langue alphabétique comme le français possède un degré de transparence élevé dans la correspondance graphème-phonèmes ayant une incidence importante sur l’apprentissage de la lecture (Seymour & al., 2003). Dans le cas des langues signées, on envisage généralement la lecture comme un apprentissageglobal basé sur des compétences linguistiques (Niederberger, 2007), mnésiques et visuelles élevées, sans recours à la conversion graphème-phonèmes, où un signe égale un mot (Alegria,1999). Or, les caractéristiques structurelles de la langue des signes dont l’iconicité et la simultanéité des paramètres, en font une langue difficilement segmentale en unités apparentés à des unités phonologiques (Cuxac, 1999). Un examen approfondi de la langue des signes française (LSF) laisse apparaître que certains signes relèvent de la composition morphologique. Ainsi, pour désigner la majorité des arbresfruitiers, on utilisera le signe [ARBRE] et son fruit (/bananier/ = [ARBRE+BANANE]). Il existe en LSF des familles morphologiques constituées autour d’un élément commun.Notre hypothèse est que l’apprentissage de la lecture chez les locuteurs de la LSFs’effectuerait au travers d’une correspondance entre un élément du signe (porteur de sens) et un morphème du français. Une liste de 62 familles morphologiques fréquentes a fait l’objet d’une analyse distributionnelle. Pour chaque famille, un élément commun (base) a été identifié. Notre étude porte sur un groupe de 13 enfants (CE2- CM1) dont la LSF est la langue maternelle, qui sont scolarisés en LSF, non appareillés ou porteurs d’implant cochléaire et non locuteurs du français. Un groupe contrôle est constitué de 13 enfants monolingues du français. Nous présenterons le matériel linguistique analysé et les expérimentations en amorçage déjà réalisées et celles à venir qui soutiendront, par des résultats tangibles, notre hypothèse. Caractérisation des troubles du langage chez les enfants sourds implantés Céline David, Université de Tours
Pour la plupart des enfants sourds profonds à l'heure actuelle, l'implantation cochléaire est devenue quasi-systématique lorsque les parents ont un projet d'oralisation ou de bilinguisme langue vocale-langue des signes pour leur enfant (Govaerts et al., 2004). Pour la majorité d'entre eux, l'implant cochléaire permet un bon développement du langage oral dans les années suivant l'intervention, avec l'appui d'une rééducation pluridisciplinaire (Schorr et al., 2008). Cependant, certains enfants sourds présentent des difficultés d'accès au langage oral, et ce malgré une implantation cochléaire précoce et un suivi régulier dans de bonnes conditions environnementales (Niparko et al., 2010). Ces difficultés contrastent avec un bon seuil de récupération auditive et une perception efficace des bruits (Loundon, 2004). Se pose alors la question de l'origine des difficultés de langage oral de ces enfants. Elles pourraient être liées à un trouble du langage qui affecterait toutes les langues (de Hoog et al., 2016), qu'elles soient vocales ou signées, comme c'est le cas chez les enfants bilingues (Paradis, 2007). Ces difficultés pourraient également être dues à une anomalie dans le traitement cérébral plus tardif de l'information auditive touchant les sons de la parole (Bakhos et al., 2014). Nos travaux cherchent à déterminer laquelle de ces deux hypothèses correspond le mieux au profil de ces enfants. Notre protocole évalue les compétences langagières de plusieurs groupes d'enfants en français et en langue des signes française (LSF), pour ceux qui y ont été suffisamment exposés. Nous étudions ainsi des enfants sourds implantés avec et sans difficultés de développement du langage oral ainsi que des enfants normo-entendants avec et sans trouble spécifique du langage (TSL). Les épreuves en langue vocale évaluent plusieurs domaines linguistiques tels que la phonologie, la morphosyntaxe et le lexique, à la fois en compréhension et en production. Pour la langue des signes, des outils expérimentaux ont été développés pour évaluer la phonologie, la morphosyntaxe et le récit (Bogliotti et al., 2017). Nous détaillerons particulièrement l'élaboration et le pilotage du test de répétition de non-signes qui a fait l'objet d'un travail de master (David et al., 2017). Enfin, une partie des enfants recevront également un enregistrement de leurs réactions cérébrales en réponse à des structures langagières proches et de complexité variable, à l'aide d'un éléctroencéphalogramme (EEG). Toutes ces données permettront de mieux comprendre l'origine des difficultés de ces enfants sourds implantés ainsi que la façon dont ils discriminent précocement les stimuli langagiers simples et complexes. |
|
13/2 |
Jean-Marc Dewaele, Birkbeck college, Londres Pragmatic challenges in the communication of emotions in intercultural couples
Abstract
Statistical analysis of quantitative and qualitative data collected via an online questionnaire from 429 participants who were in an intercultural relationship revealed strongly divided opinions on the pragmatic challenges of communicating emotions with their partner. Though most participants reported some degree of difficulty, most agreed that love and emotional acculturation helped them overcome language barriers. Difficulties in communication were attributed to linguistic, pragmalinguistic and sociopragmatic issues by almost three quarters of the participants who filled out an open question. Partners in intercultural couples thus faced serious and sometimes totally unexpected pragmatic challenges in communicating emotions but generally managed to overcome the obstacles after some months.
|
|
13/3 N.B. Nouvelle date |
Jane Wottava, LPP, UMR 7018 CNRS, Université de Paris 3 et LIMSI – CNRS Orsay |
« Production and Perception in a Second Language : Evidence from large speech corpora, EEC and teaching” |
10/4 |
Antonella Sorace, School of Philosophy, Psychology and Language Sciences, Université d’Edimbourgh |
Bilingualism and cognition |
15/5 |
Lise Demottes, Unité de Logopédie Clinique, Université de Liège |
Mémoire procédurale chez les enfants dysphasiques |
12/6 |
Marianne Gullberg, Center for Language and Literature, Université de Lund |
“Language background affects word order processing in a second language online but not offline - behavioural and ERP evidence” |
9/10 (date à confirmer) |
Franck Ramus, Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique, Institut d'Etude de la Cognition, Ecole Normale Supérieure |
"Neuroanatomy of developmental dyslexia: pitfalls and promises" |
PROGRAMME 2016-2017
6/12 Carolina Labbe Rodriguez, Université de Genève,Neuroscience of Emotion and Affective Dynamics (NEAD° laboratory:
Emotion induction during music listening and emotional movie clips Music is often cited as a powerful form of art capable of both expressing and
inducing emotions in listeners. But the psychological mechanisms underlying
these processes are still somewhat of a mystery. During the first part of this
talk I will discuss some of the ways in which music may induce emotions with
a particular focus on entrainment and the work that we have conducted in
Geneva on the topic. Finally, I will also present new experiments that we are
planning in collaboration with the MoDyCo group on a project concerning emotion
induction and emotion regulation using emotional video clips with depressed
and bipolar subjects.
10/1 Christophe Pallier, Unité INSERM-CEA de Neuroimagerie Cognitive, Centre Neurospin, Gif-sur-Yvette
In search of syntactic representations in the brain.
How are sentences represented in the brain? In particular, do the
syntactic structures proposed by many linguistics analyses correspond
to actual, neurally encoded, data structures during sentence
comprehension? In the first part of the talk, I will present our
attempts to address this question through a series of functional
magnetic resonance imaging (fMRI) experiments relying on a variety of
experimental paradigms (syntactic priming, manipulation of syntactic
coherence, sentence verification, ...). I will also describe some
incursions made in the domains of Music and Mathematics where objects
(e.g. melodies on the one hand, arithmetic formulas or number names on
the other hand) arguably possess some syntactic structure. The results
of experiments manipulating syntactic coherence with these types of
stimuli reveal some interesting similarities and discrepancy with
natural language.
--
31/01 Michèle Kail, DR Emérite CNRS, Laboratoire SFL UMR 7023 CNRS et Paris 8:
Adaptative functions of neuro-behavioral plasticity in L1 and L2 language acquisition
Contrary to assumptions that changes in brain networks are possible only during crucial periods of development (Critical Period Hypothesis), research in the past decade has supported the idea of a permanently plastic brain (with various degrees of plasticity). In L1 and L2 language acquisition and processing, further exploration is needed to know how linguistic capacities emerge from and are constrained by core structural and functional networks of the brain and how experience (learning) shapes that neural circuitry.
Keeping in mind that change is the main adaptative property of the brain, one crucial issue is how early learning leads to dedicate cognitive and neural structures that impact the process and outcome of later development.
This review presents recent progress in our understanding of the neuro-behavioral dynamics of change in some relevant domains for language plasticity. Plasticity (not optional and not reactive) is conceptualized as a main intrinsic property of development
- The language recovery in children with early focal brain lesion : the 10 years San Diego Project (2000-2010)
- The Early speech learning system in monolingual infants : Recent data show that the learning processes in phoneme learning (organization and reorganization) are complex and multi-modal (cf. Kuhl and the native neural commitment hypothesis). Moreover, data attest that these early capacities require a social context.
- The lexical organization in bilingual children
Results of experiments, computational modeling (DevLex Model) and neuro-imaging studies indicate that the dual action of competition and entrenchment brings new insights into the interactive dynamics of bilingualism. Moreover, structural brain changes (increased gray matter and white matter integrity) in relation with better executive control leads to the assumption that bilingual experience is somewhat unique with its own neural signatures. Moreover, second language learning efficiency is revealed by brain networks, a new method for capturing individual differences in second language learning success.
7/2 Pr. Pascale Piolino (PhD), Membre Senior Institut Universitaire de France (IUF), Directrice du Laboratoire Mémoire & Cognition (LMC), INSERM UMR S894, Institut de Psychologie, Université Paris Descartes
Systèmes de mémoire dans le vieillissement normal et pathologique
14/3 Séance annulée
Jean-Marc Dewaele, Department of Applied Linguistics & Communication, Birkbeck College, Université de Londres:
Communicating emotions in a foreign language
In this lecture I will present an overview of the recent surge of interest in the field of emotion and multilingualism. I will focus on the development of sociopragmatic and sociocultural competence, and more specifically on the communication of emotion in a foreign language (Dewaele, 2012, 2013, 2016a). I will also consider the effects of age of onset of acquisition, of type of foreign language instruction and of current language use on the communication of emotion including declarations of love and swearing in the foreign language (Dewaele, 2016b; Dewaele & Salomidou, to appear).
References
Dewaele, J.-M. (2012). L’acquisition et l’usage de scripts dans les différentes langues de multilingues adultes In N. Auger, C. Béal & F. Demougin (eds.) Interactions et interculturalité : variété des corpus et des approches. Berlin: Peter Lang, 195-222.
Dewaele, J.-M. (2013). Emotions in Multiple Languages. Basingstoke: Palgrave Macmillan, 2nd ed.
Dewaele, J.-M. (2016a) Multi-competence and emotion. In Li Wei & V. Cook. The Cambridge Handbook of Linguistic Multi-competence. Cambridge: Cambridge University Press, pp. 461-477.
Dewaele, J.-M. (2016b) Thirty shades of offensiveness: L1 and LX English users’ understanding, perception and self-reported use of negative emotion-laden words. Journal of Pragmatics, 94, 112-127.
Dewaele, J.-M. & Salomidou, L. (to appear) Loving a partner in a foreign language. Journal of Pragmatics.
18/4 Séance annulée
Alienor Girette-Bouchaud, université Toulouse 2 Jean Jaurès, Laboratoire CLLE-ERSS
9/5 Saveria Colonna (SFL - UMR 7023 CNRS & Université Paris 8)
Traitement et acquisition des marques de cohésion référentielle
Le travail présenté porte sur le traitement des marques de cohésion référentielle que sont les anaphores. Pour comprendre comment les locuteurs prennent en compte ces marques afin de construire une représentation cohérente du discours, nous nous sommes intéressés à différentes langues (principalement le français et l’allemand mais aussi l’anglais, l’espagnol et le turc) ainsi qu’à différentes populations : les adultes traitant leur langue première (L1), les adultes apprenant une langue seconde (L2) et les enfants apprenant leur L1. Nous présenterons les résultats d’une série d’expériences psycholinguistiques visant à tester le rôle d’une part, des constructions alternatives et d’autre part, de la structure de l’information sur l’interprétation d’un pronom anaphorique. Nous verrons comment l’influence de ces facteurs varient suivant le type de locuteurs (natifs, apprenants L1, apprenants L2) et les propriétés de la langue.
6/6
PROGRAMME 2015-2016
3/11 Sophie Bouton, Post-doc, Auditory Language Group, Department of Neurosciences, Biotech Campus, université de Genève:
"Percevoir la parole : le rôle des variations temporelles et spectrales dans la catégorisation phonémique"
2/2 Michèle Kail, DR Emérite CNRS, Laboratoire SFL UMR 7023 CNRS et Paris 8
"Fonctions adaptatives de la plasticité neuro-comportementale dans l’acquisition du langage L1 et L2"
Résumé:
Contrairement aux affirmations que les changements dans les réseaux neuro-cognitifs n’interviendraient que dans des périodes cruciales du développement (Hypothèse de périodes critiques, HCP), les recherches de la dernière décennie ont confirmé l’idée d’une plasticité permanente du cerveau, à des degrés divers. Dans l’acquisition L1 et L2, des investigations supplémentaires sont nécessaires pour savoir comment les capacités linguistiques émergent des propriétés structurales et fonctionnelles du cerveau et sont contraintes par elles, mais aussi de quelle manière, l’expérience modèle les dispositifs neuronaux.
En gardant en tête que le changement est la principale propriété adaptative du cerveau, un enjeu crucial est de savoir comment l’apprentissage conduit à des structures neuronales et cognitives dédiées qui impactent les processus et les formes du développement ultérieur.
Cette synthèse présente les progrès récents dans notre compréhension de la dynamique des changements neuro-comportementaux dans trois domaines pertinents :
- Le développement langagier et non langagier des enfants porteurs de lésions focales unilatérales précoces du cerveau, exemple emblématique de la plasticité neurocognitive différentielle.
- Le système d’apprentissage de la parole chez les bébés monolingues. Des données récentes concernant les processus d’apprentissage phonémique (organisation et réorganisation) sont complexes, multimodaux et impliquent l’engagement neuronal (native neural commitment hypothesis, P. Kuhl). Par ailleurs, ces capacités précoces exigent l’existence d’un contexte social.
- L’organisation lexicale chez les enfants bilingues. Un ensemble de recherches comportementales, de modélisations computationnelles (DevLexModel) et de neuro-imagerie indiquent que l’action conjuguée des phénomènes de compétition et d’« entrenchment » permet une meilleure compréhension des dynamiques interactives du bilinguisme. Cette conception opère un renversement en ne se focalisant plus tant sur l’ AOA de la L2 que sur les capacités de changement de la L1. De plus, les changements structuraux du cerveau (augmentation de la matière grise et de l’intégrité de la matière blanche) résultant d’une pratique plus soutenue du contrôle exécutif conduisent à l’idée que l’expérience bilingue est peut-être spécifique avec ses propres signatures neuronales.
8/3 Anne Christophe, Laboratoire de Sciences Cognitives et Psycholinguistique, ParisEcole Normale Supérieure / PSL Research University / CNRS / EHESS
"Construire un 'squelette syntaxique' à partir des mots grammaticaux et de la prosodie phrasale".
Anne Christophe, Alex de Carvalho, Isabelle Dautriche, Perrine Brusini, Elodie Cauvet.
Résumé:
Pendant longtemps on a pensé que les enfants apprenaient d'abord les sons de leur langue maternelle (sa phonologie), puis ses mots (son lexique), puis la manière dont les mots sont organisés en phrases (sa syntaxe). Cela correspond à ce que les jeunes enfants produisent : d'abord ils babillent (entre 6 et 12 mois), puis ils disent des mots isolés (1-2 ans), puis ils commencent à combiner des mots ensemble. De ce fait, les chercheurs ont tenté de trouver des mécanismes par lesquels les enfants pourraient apprendre le système de sons de leur langue avant de connaître les mots, les mots avant de connaître la syntaxe, etc. Cependant, plusieurs études computationnelles ont établi que certains problèmes d'apprentissage paraissent insolubles à moins de supposer que les enfants ont accès à de l'information provenant d'autres domaines – et par ailleurs des études expérimentales ont montré que des jeunes enfants ont réussi à acquérir ce type d'information partielle.
Cette présentation discute la manière dont la prosodie phrasale (le rythme et l'intonation des phrases) et les mots grammaticaux (articles, auxiliaires, etc...) pourraient permettre aux jeunes enfants de construire une structure syntaxique partielle, le 'squelette syntaxique', qui pourrait être suffisante pour faciliter l'apprentissage du sens des mots. Dans une telle structure, les frontières de constituants sont fournies par la prosodie, et leur catégorie par les mots (et morphèmes) grammaticaux. Par exemple, une phrase comme 'le petit garçon a mangé une pomme' peut être encodée comme [le petit garçon]NP [a mangé]VP [une pomme]NP. On sait déjà que les jeunes enfants ont accès aux groupes prosodiques intermédiaires (les groupes phonologiques) dans leur première année de vie, ainsi qu'aux mots grammaticaux. Des études comportementales et en imagerie, ainsi que des expériences de modélisation basée sur de la parole dirigée aux enfants, montrent que les enfants pourraient plausiblement avoir accès à une structure de ce type dès l'âge de 18 mois, et l'exploiter pour inférer le sens probable de mot nouveaux.
10/5 Gisela Håkansson, Professeur, Centre for Languages and Literature, Lund University (Suède)
Language impairment in monolingual and bilingual children. Some examples from Swedish"
SLI and bilingualism – is that a problem?
It is often assumed that bilingualism brings an extra burden on children with language impairment, but does it really? Most research on bilingualism shows positive effects of bilingualism on cognitive and linguistic development, and this could be beneficial to children with language impairment as well. In my talk I will present findings from studies on monolingual and bilingual children with language impairment, involving data from children with various language combinations. The results suggest that bilingual children with language impairment do not differ from monolingual children in language development, but they are met with different attitudes from school and clinics.
7/6 Anne Salazar-Orvig, professeur, Université Sorbonne Nouvelle, ILPGA, CLESTHIA
Dialogue et discours dans l'acquisition des expressions référentielles chez l'enfant : usages de jeunes enfants et enfants dysphasiques
L'acquisition des expressions référentielles peut être considérée comme un processus clé pour appréhender les modalités de développement langagier et communicationnel. En effet dans l'usage et la maîtrise progressive des pronoms et des déterminants se conjuguent différentes dimensions du développement langagier de l'enfant (phonologie, morphosyntaxe, sémantique, pragmatique ...). Dans les 20 dernières années, des études sur des langues très diverses ont mis en évidence une grande précocité des contrastes référentiels dans le choix des expressions référentielles chez des enfants très jeunes. Cette précocité qui interpelle à la fois les données plus tardives sur les narrations et les hypothèses sur le développement cognitif, et en particulier de la théorie de l'esprit, est diversement expliquée selon les paradigmes théoriques. Dans cette communication je présenterai les résultats d'une recherche d'équipe (DIAREF, ANR 09-ENF- 55) dans laquelle nous avons examiné, dans une approche multidimensionnelle, la part des pratiques langagières dans l'acquisition et la maîtrise des expressions référentielles. Après un état des lieux des usages référentiels des expressions par les plus jeunes enfants (autour de 2 ans), je montrerai les pistes qu'ouvrent une analyse des genres discursifs et des échanges dans le dialogue. En un troisième temps je présenterai les données concernant des enfants dysphasiques (âgés entre 5 et 7 ans). La discussion portera sur les implications théoriques de ces résultats pour une approche dialogique et basée sur l'usage du développement du langage.
14/6 Chantal Henry, PU-PH Université Paris Est Créteil, Centre Hospitalier Henri-Mondor / Albert Chenevier & Institut Pasteur
La réactivité émotionnelle est une dimension fondamentale des troubles de l'humeur.
Nous aborderons dans cette présentation en quoi une nouvelle lecture des troubles de l'humeur au travers de dimensions pertinentes nous éclaire sur la clinique, la physiopathologie et la prise en charge des troubles bipolaires. Nous illustrerons nos propos par des travaux montrant l'intérêt d'une approche transdisciplinaire.
- Vues: 12317