Déclaration d’intention : Proposition de Labex "Cultures et industries numériques de l’information et de la connaissance" – DigiKnowS
Coordination : Brigitte Juanals (MoDyCo, UMR 7114)
1) Le dispositif institutionnel LABEX (laboratoire d’excellence)
· Publication de l’appel LABEX : mi-juillet (publication en attente), dépôt de dossier prévu pour le 10 octobre.
· Objectif : mettre en place des projets de recherche innovants qui auront des retombées en termes de recherche, de valorisation industrielle et de mise en place de nouvelles formations.
· Partenariat : association d’entreprises, d’universités et de laboratoires de recherche.
· Modalités de financement : les LABEX financeront les laboratoires de recherche à 100% et les entreprises à hauteur de 50% des coûts (comme dans les projets ANR).
· Durée indiquée dans les appels LABEX : 4 à 10 ans.
2) Préambule au projet de Labex "Cultures et industries numériques de l’information et de la connaissance" – DigiKnowS
Ce projet de Labex est axé sur le développement d’une culture et d’une industrie numériques de l’information et de la connaissance dans la société, associé aux enjeux (sociaux, technologiques, industriels, juridiques, socio-économiques, politiques) qui y sont liés.
Au sein d’une grande diversité de pratiques (artistiques, politiques, culturelles, pédagogiques…) et de travaux scientifiques sur ces sujets, le projet Numinco est centré sur les informations et les savoirs qui visent l’intelligibilité. Les objectifs scientifiques du projet sont d’étudier de manière interdisciplinaire la position et le rôle que jouent les technologies de l’information et de la communication (TIC), l’informatique et les télécommunications dans les mutations des modes de production, d’organisation, de diffusion, d’accès et d’appropriation des informations et des connaissances dans des environnements numériques. L’appropriation sociale et culturelle des T.I.C. est étudiée en interaction avec le processus d’industrialisation, d’informatisation et d’internationalisation de l’information. Dans cette perspective, le projet Numinco couvre un champ allant de la dissémination et la circulation ouverte des connaissances à des politiques de sécurité de l’information et des traces, développées dans un contexte de sensibilisation au risque. Il intègre également les conséquences de la numérisation affectant les systèmes de traçabilité, de production, d’organisation et de diffusion de l’information, ainsi que les interfaces et les modes de représentation qui y sont associés. Ces problèmes sont en lien étroit avec l’innovation ; ils sont ouverts à des terrains et des dispositifs socio-techniques variés, qui sont en mutation rapide – sous les effets de facteurs industriels, politiques, économiques, technologiques.
Parmi les mutations socio-techniques de grande ampleur, le développement d’une culture numérique est central car il est appelé à conditionner de manière croissante l’accès à l’information et à la connaissance, autant dans la vie privée que professionnelle. Les technologies et les industries de l’information se sont développées sur la base de modes de communication innovants sur le plan technique et porteurs de nouvelles pratiques informationnelles – telles que l’internet, la téléphonie classique, les ordinateurs personnels ou plus récemment les terminaux nomades et l’accès mobile. Des possibilités inédites de stockage, d’organisation et de traitement des données – du fait de l’association de l’informatique, des réseaux et des médias – les ont assimilées à des « technologies de l’intelligence ».
Les disciplines scientifiques, l’édition, la documentation et la bibliothéconomie, socles de l’accès aux connaissances, sont également déstabilisées. En effet, le développement des technologies numériques bouleverse les processus d'accès à la connaissance et la conception même de connaissance. La plasticité de la matière numérique et le changement d’échelle, qui nous confrontent à des quantités de textes (voire de formes visuelles ou sonores) dans des dimensions inédites, l’ampleur des évolutions logicielles et des transformations des pratiques intellectuelles qui y sont associées, modifient les conditions de lecture et d’écriture, ainsi que les possibilités techniques de traitement et de diffusion des connaissances (moteurs de recherche et de navigation, Web sémantique ou socio-sémantique, nouveaux outils d’écriture ou de lecture, outils d’analyse de corpus numérique, outils d’édition scientifique…). Si les T.I.C. jouent un rôle d’une telle importance dans la société, c’est parce qu’elles contribuent à la production et à la structuration socio-cognitive des informations et des connaissances.
De manière plus large, c’est la question de la culture de l’accès à l’information qui est concernée, dans son évolution d’une problématique de l’accès jusqu’à des préoccupations de veille, de filtrage et de sécurité. Des problèmes de délocalisation, de contrôle des données et des programmes, et de réglementation, sont posés par le développement de services comme le cloud (computing). La virtualisation (ou la dématérialisation) conduit à la création d’un ensemble de données de plus en plus volumineux et complexe à gérer ; l’enjeu est d’évoluer de l’information vers la connaissance, cela menant, entres autres, à l’intelligence économique et aux analyses contextuelles. Les normes industrielles sont à examiner dans un contexte de mondialisation car elles apparaissent comme une valeur de consensus (contrairement aux lois et règlements qui différencient les pays) dans un environnement complexe.
La réflexion concernant la circulation des informations et des savoirs dans les environnements socio-techniques et les discours contemporains suscite l’émergence de termes nouveaux qui leur sont associés. Dans les domaines de la sociologie des sciences et des techniques, les modes de description qui sont utilisés font appel aux notions de processus, d’hybridation, d’instabilité, d’incertitude, de complexité, de médiations hétérogènes et temporaires. Ils pourraient tout aussi bien être invoqués, à bien des égards, pour caractériser notre expérience de la société contemporaine. Il semble que, lorsque le contexte historique ou culturel évolue, les outils pour explorer et comprendre les phénomènes étudiés évoluent également en s’adaptant à leurs objets d’étude. Dans un environnement désormais caractérisé par la mondialisation, l’interculturalité et les mutations socio-techniques de grande ampleur, la perception de la réalité est davantage contextuelle et relative. Les notions de risque et l’incertitude sont centrales pour décrire cette nouvelle perception du monde. Dans les discours institutionnels des organisations nationales et transnationales, les expressions « société de l’information » et « société de la connaissance » témoignent de l’importance accrue attribuée aux connaissances, qui sont le plus souvent associées à des préoccupations de performance et de rentabilité des industries et des services. Ce statut des connaissances s’inscrit dans les grandes mutations de société, parmi lesquelles l’émergence de risques de tous ordres – naturels, technologiques, industriels, politiques, de santé publique… –, largement médiatisés, semble constituer l’une des caractéristiques de l’appréhension du monde actuel.
3) Ambitions scientifiques du projet
Le développement d’une culture et d’une industrie numériques de l’information et de la connaissance fait partie des grands défis sociétaux. Dans le contexte d’une « société de la connaissance », il traite de sujets majeurs tels que : les conséquences de la numérisation dans l’accès à l’information et à la connaissance ; les mutations et la diversité des pratiques dans les modes d’information et de connaissance numériques (appropriation sociale des T.I.C.), le déploiement des industries numériques sur fond de normalisation industrielle et d’internationalisation de la communication ; le rôle des innovations technologiques, des normes et des standards de l’information dans les mutations des modes de production, de structuration et de diffusion des connaissances ; le développement des systèmes de traçabilité de l’information et de politiques de sécurité de l’information et de gestion des risques… Dans des environnements informatiques, internationaux et marchands, il s’agit de penser ensemble le développement d’une culture numérique de l’information et de la connaissance, et les mutations des technologies et des industries de l’information et de la communication.
En réunissant des chercheurs en sciences humaines et sociales et en informatique, L’Université de Paris Ouest Nanterre occupe une position scientifique privilégiée qui lui permet d’appréhender conjointement la production d’outils, l’analyse de pratiques selon des perspectives différentes (en socio-informatique, en traitement automatique du , en sciences du langage, en informatique, en communication…), et, dans le même temps, de prendre pour objet ces pratiques dans une posture de réflexivité. C’est la spécificité d’une université de sciences humaines et sociales qui, en travaillant sur l’objet des technologies de l’information et de la communication, est en mesure de faire le lien entre l’innovation et le social selon le point de vue de plusieurs disciplines en SHS et dans des champs variés. Il s’agit de la capacité à être présent sur le terrain des innovations techniques (en termes de conception et d’analyse d’usages). Il s’agit tout autant de faire preuve de réflexivité en prenant comme objet d’investigation les pratiques dites « nouvelles » des T.I.C. dans les entreprises ou dans les centres de recherche.
2) Disciplines concernées en Sciences humaines et sociales
· Droit
· Histoire culturelle
· Information et communication
· Informatique
· Ingénierie de la connaissance et traitement automatique du langage ()
· Sciences de gestion
· Sciences du langage
· Sociologie et socio-informatique
3) Finalités
Axées sur l’étude du développement des cultures et des industries numériques de l’information et de la connaissance, les finalités de ce Labex sont :
a) à l’Université de Paris Ouest, de mener des recherches dans les disciplines mentionnées ci-dessus, en vue d’associer des disciplines en sciences humaines et sociales à l’informatique et aux sciences de l’ingénieur.
b) De mettre en place, en s’appuyant sur l’Institut du Numérique de l’Université de Nanterre, un espace de médiation sur le plan international dans le domaine de la recherche autour des questions relatives au développement d’une culture et d’une industrie numériques de l’information et de la connaissance. Il s’agira de favoriser les échanges entre des équipes de recherche et de développer des partenariats avec des acteurs industriels, publics, associatifs.
c) De repérer et d’analyser, dans les organisations, les évolutions des pratiques, des compétences et des métiers dans le domaine des industries de l’information et de la connaissance.
d) Dans un mouvement réflexif sur les sciences humaines et sociales, de prendre l’analyse épistémique comme objet et d’analyser les changements introduits par l’utilisation des T.I.C. dans les pratiques des chercheurs (modes de construction des objets et des corpus, modes de traitement et d’investigation des corpus…).
e) Plus largement, il s’agira de développer une expertise auprès des pouvoirs publics et des entreprises.
4) Champs d’étude
Dans l’espace social, les domaines d’investigation propices à l’exploration de processus informationnels et communicationnels à visée de construction de connaissances sont nombreux. Le développement d’une culture numérique dans l’accès à l’information et à la connaissance (observé dans les pratiques, les politiques, les technologies, les dispositifs sociotechniques …) pourra être étudié :
· dans les organisations publiques et privées (entreprises, associations, administrations)
· dans la sphère scientifique et universitaire : culture numérique et recherche scientifique (nouveaux dispositifs socio-techniques, édition scientifique, pratiques des chercheurs…)
· dans l’espace public et dans les médias
· dans la formation à l’université : adaptation des formations aux évolutions des compétences et des métiers à l’université.