Projets
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Le projet RMM2 financé par l'ANR "Contenus et Interactions" (2009- 20011) et piloté par Mathieu Bully associe les sociétés RelaxNews, l'AFP, et les laboratoires de recherche L3I (EA 2118) et MoDyCo (UMR 7114).
Le projet RelaxMultiMédias 2 s’inscrit dans le cadre du développement d’une plateforme expérimentale couvrant l’ensemble du processus qui va de la production à la mise à disposition et visant à apporter des contenus et services personnalisés aux consommateurs d’information Loisir.
Les objectifs attendus du projet sont d’apporter des méthodes pour la mise en oeuvre d’outils informatiques génériques et robustes, de les mettre en pratique pour réaliser un outil d’extraction d’informations événementielles multilingue, de proposer des outils innovants de recherche et de navigation spatio-temporels et d’être en mesure de diffuser le plus largement possible l’information loisir.
Selon les années, le groupe de recherche a connu quelques variations dans sa composition. Les articles mis en ligne résultent des travaux menés depuis 2003, auxquels ont contribué :
Jean-Jacques Briu, linguistique allemande ; Université Paris X-Nanterre ;
Marie-Laure Elalouf, linguistique française; Université de Cergy-Pontoise – IUFM de l’académie de Versailles ;
Danièle Flament, linguistique française et FLE, Université Paris X-Nanterre ;
Catherine Gallardo, linguistique italienne ; Université Paris X-Nanterre ;
François Muller, linguistique allemande ; Université Paris X-Nanterre ;
Jean-Christophe O’Brien, agrégé de Lettres, doctorant en sciences du langage ; Université de Nancy II – IUT de Longwy ;
Carole Tisset, linguistique française; Université de Cergy-Pontoise – IUFM de l’académie de Versailles ;
Anne Trévise, linguistique anglaise ; Université Paris X-Nanterre
Sergueï Sakhno, linguistique russe ; Université Paris X-Nanterre
Annette Sousa-Costa, linguistique allemande ; Université Paris X-Nanterre
Linguistes et didacticiens, ils ont contribué à la rédaction des articles du glossaire en ligne.
Une première version, écrite par l’un des membres du groupe, est soumise à la discussion collective. Sont alors confrontées les dénominations et descriptions d’une même notion dans différentes langues, à partir de corpus d’exemples. Le texte définitif résulte de plusieurs réécritures.
Les travaux de notre groupe, outre les publications individuelles consultables dans l’annuaire, ont principalement été publiés dans trois numéros de la revue Linx :
Présentation
Revue LINX
Université Paris X – Nanterre
Bureau R15bisF, bât.L
200, avenue de la République
92001 Nanterre cedex
Les chèques doivent être libellés à l’ordre de Mme l’Agent Comptable de l’Université paris X – Nanterre.
Tarif : 12,96€ (sans frais de port), 16,01€ (avec frais de port)
On constate que l’introduction de la terminologie grammaticale dans l’enseignement du français, telle qu’elle se pratique actuellement, influe à la fois sur les représentations qu’ils ont de leur langue et des autres langues qu’ils apprennent à l’école. Pourtant, l’approche des maîtres est rarement contrastive : les différences restent peu explicitées.
Des enquêtes montrent que les élèves ont majoritairement le sentiment que chaque langue a sa grammaire et que les faits idiosyncrasiques l’emportent sur les caractéristiques communes. On peut penser que les apprentissages pâtissent de ce manque de comparaison guidée entre la langue maternelle ou seconde de l’apprenant et les langues apprises dans le cadre scolaire.
C’est donc autour de la question du métalangage que s’est construit le projet scientifique de ce groupe qui réunit des linguistes spécialistes de différentes langues enseignées dans la scolarité obligatoire ou au-delà. Comme le rappelle Carole Tisset dans le préambule aux numéros 36 et 37 de la revue Linx, il s’agit de confronter les métadiscours en circulation et les théories qui les sous-tendent, pour proposer des transpositions didactiques qui rendent compte des catégories et des concepts communs aux descriptions des différentes langues étudiées et qui contribuent chez les apprenants à la construction de représentations métalinguistiques transférables d’une langue à l’autre.
Conçu pour la formation initiale et continue des enseignants du primaire et du secondaire (français, langues anciennes et langues vivantes), le Glossaire de termes linguistiques pour l’enseignement et l’apprentissage des langues vise à doter ces derniers d’une culture linguistique à la fois générale et contrastive.
L’objectif n’est pas l’exhaustivité, mais la mise en relation de notions essentielles pour l’enseignement/ apprentissage des langues. Le Glossaire est donc évolutif, tant dans son contenu, dans les liens à établir entre les différents articles et destiné à s’accroître progressivement en fonction de l’activité propre du groupe et de la réception de ce travail chez les enseignants, formateurs et prescripteurs de l’éducation nationale.
Les articles du glossaire ont pour but d’éclairer les emplois terminologiques existants, dans les descriptions de différentes langues enseignées à l’école, par leur histoire, les théories du langage et de la langue dont ils sont issus, les réseaux dans lesquels ils s’inscrivent, afin de promouvoir des choix qui intègrent des résultats de recherche stabilisés, issus de la confrontation entre différentes langues, et qui peuvent être didactisés à un niveau donné.
Cela nous conduit à proposer trois types d’articles différents :
ETYMOLOGIE f (angl. etymology, all. Etymologie, russe ????o?o??? ètimologija)
Définition
1) Science qui a pour objet la recherche des rapports qu’un mot entretient avec une unité plus ancienne qui en est l’origine.
2) Origine et histoire d’un mot (Larousse de la langue française Lexis)
Corrélats : Etymon, Motivation, Forme interne du mot, Diachronie, Dérivation, Analyse dérivationnelle, Analyse morphologique, Famille de mots, Doublet étymologique, Racine.
Histoire : Le terme étymologie est attesté en français vers 1175 dans la traduction du titre latin Etymologiae, ouvrage d’Isidore de Séville. Il remonte au grec etymologia signifiant « sens véritable » (formé de ethymos ’vrai’ et de –logia ‘étude, recherche’). Dans l’Antiquité grecque, c’est la recherche du sens « vrai » ou fondamental qui sert à déceler la vraie nature des mots, à partir de l’idée que leur forme correspond de façon naturelle aux objets qu’ils désignent. Les grammairiens latins ont traduit littéralement etymologia par veriloquium « discours vrai ». Cette conception ancienne de l’étymologie est liée à l’une des théories les plus anciennes du langage : les mots seraient conformes à la nature des choses (voir onomatopée*) .
Au Moyen Âge, l’étymologie est considérée (Isidore de Séville) comme un fondement de la grammaire et de la rhétorique : ainsi on rapproche les mots latins malum ‘le mal’ et m?lum ‘la pomme’ dans le commentaire du récit édénique (ce rapprochement est d’ailleurs faux du point de vue de l’étymologie moderne) ; il s’agit alors de connaître et d’utiliser les relations perçues à travers les mots. Par ailleurs, l’étymologie du Moyen Âge est fondée sur la croyance que toutes les langues pouvaient provenir d’une des langues connues (au XVIIe siècle encore, on démontrait que le français venait de l’hébreu).
C’est l’article Etymologie attribué à Turgot, dans l’Encyclopédie (1764), qui définit la science moderne de l’étymologie avec son objet et ses méthodes. A partir des années 1960, sous l’influence de J. Gilliéron et de W. von Wartburg, étymologie se dit aussi pour « histoire (d’un mot, d’un vocabulaire) ».
Éléments pour la didactique
L’étymologie dans sa conception moderne (c’est-à-dire telle qu’elle est développée depuis le début du XXe siècle) est la discipline qui cherche à établir l’origine formelle et sémantique d’une unité lexicale (d’un mot*) ou d’un morphème* mais aussi à en retracer l’histoire dans les rapports qu’il entretient avec les mots de la même famille, avec les mots de forme et de sens voisins et avec la chose qu’il désigne. L’étymologie est une notion essentiellement diachronique*. En synchronie*, elle correspond à la motivation* du mot et à sa forme interne*. Les rapports entre étymologie et dérivation* expliquent l’emploi du terme étymologie au sens de « morphologie » ou de « grammaire » (c’est le cas de la linguistique russe du XIXe siècle).
L’étymologie dite naïve ou populaire est un phénomène complexe qui joue un rôle important dans notre activité langagière (Gobert 2000): tout comme l’étymologie savante, l’étymologie populaire répond au besoin de lutter contre l’arbitraire* du signe*. Pour un francophone, le mot legs est en rapport avec léguer, alors que le mot, originellement orthographié lais, est un dérivé de laisser. Pour un Russe, ?p???e?? prijatel’ ‘copain, ami’ est incontestablement lié à ?p?????? prijatnyj ‘agréable, aimable’, alors que ce rapport est faux du point de vue de l’étymologie savante (le premier est en réalité apparenté à l’angl. friend, l’all. Freund, alors que le second est en relation avec ?p????? pri-n-jat’ ‘accepter’, ????? vz-jat’ ‘prendre’, cf. lat. emere ‘prendre’. Parfois, l’étymologie naïve d’un mot façonne son étymologie objective : le lat. amicus ‘ami’, mot remontant selon certains étymologistes (V. Pisani) à la préposition-préfixe am(b)-, ambi- ‘à côté de ; autour de’ fut rapproché à date ancienne de amare ‘aimer’ en subissant l’influence sémantique de ce dernier. Ainsi amicus signifiait ‘ami’ et ‘amant, maîtresse’, ce qui explique par ailleurs le sens ancien (‘amant’), jusqu’au XVIIe s., du fr. ami. Mais ce sens ancien se manifeste de nouveau dans les emploi contemporains des mots ami, amie (avoir un petit ami, une petite amie).
Pour faire une étymologie scientifique de tel mot français, en cherchant son étymon*, un étymologiste doit tenir compte de facteurs aussi bien linguistiques (phonétiques*, morphologiques*, morphosyntaxiques*, sémantiques*) qu’extra-linguistiques (relations du mot avec la chose et celles de l’homme avec la langue) :
a) Facteurs phonétiques : il faut connaître la phonétique historique du français et des dialectes gallo-romans, mais aussi celle des autres langues romanes.
b) Facteurs morphologiques : il faut voir si un suffixe qu’on croit avoir reconnu est, à l’époque concernée, d’une grande vitalité ou non en cherchant d’autres exemples, si la règle de suffixation est connue.
c) Facteurs morphosyntaxiques : il faut vérifier que le mode de composition qu’on suppose est attesté par d’autres d’exemples.
d) Facteurs sémantiques : il faut tenir compte de certaines constantes dans le changement du sens, comme la restriction ou l’extension du sens.
e) Facteurs chronologiques : la datation du mot est très importante.
f) Facteurs extra-linguistiques : il s’agit du contexte précis (géographique, événementiel, social, économique, culturel) de l’apparition du mot.
Par exemple, le mot fr. bistro(t) ne vient pas du russe ??c?po bystro ‘vite’, en dépit de la belle légende bien connue (les cosaques occupant Paris en 1814 prononçaient ce mot pour être servis rapidement au cabaret). Cette explication doit être écartée pour des raisons chronologiques : la première attestation de bistro en français est de 1884. L’origine de ce mot est discutée : on a supposé par exemple un rattachement au mot poitevin bistraud ‘petit domestique’, qui aurait désigné l’aide du marchand de vin d’où, par métonymie*, ‘cabaretier’ ; on a aussi évoqué un rattachement à bastingo ‘cabaret’ (1845) et ‘hôtel où couchent les bohémiens’ (1848) et à bistringue, variante de bastringue, tous mots d’origine obscure.
Bon nombre d’étymologies restent inconnues ou incertaines. Parmi les étymologies connues, plusieurs sont opaques pour la grande majorité des locuteurs.
Qui se douterait que l’adjectif anglais nice ‘agréable, gentil, beau’ est d’origine française ? Pourtant, c’est bien un mot ancien français, issu du latin nescius ‘ignorant’, qui signifiait « niais, simple d’esprit », « pauvre », « faible ». Ce mot, prononcé [nis], existe toujours dans certains dialectes français, notamment dans celui de Franche-Comté (Elle est nice ‘Elle est naïve’).
Nice est donc apparenté aux mots français science, sciemment, inconscient. Certes, l’évolution de son sens en anglais a de quoi surprendre. Cependant, le mot anglais garde dans certains de ses emplois des traces de son origine. Le sens ‘faible’ du mot ancien français a donné lieu en anglais à celui de ‘subtil, fin’, ensuite à ‘distingué’. Cf. nice taste ‘goût distingué’, nice girls ‘filles bien élevées’, nice distinctions se traduit comme « distinctions subtiles », et on est moins étonné face au sens de son dérivé nicety : diplomatic niceties ‘subtilités diplomatiques’. Il est normal que ‘subtil, fin’ ait abouti à ‘agréable, gentil, beau’ : il suffit de penser aux emplois de l’adjectif français fin.
Notons toutefois que nice n’est pas lié à niais ni à nigaud, mots ayant une origine distincte (le premier est en rapport avec le nid d’oiseau, le second serait en relation avec le prénom Nicodème).
Have a Nice time!
Quant au nom de la ville de Nice, plusieurs anglophones s’amusent à le rapprocher de leur mot nice, du moins sur le plan graphique : la capitale de la Côte d’Azur n’est-elle pas pour eux le symbole de la douceur de vivre à la française ? Un grand hôtel niçois utilise ce rapprochement dans un calembour introduisant sa publicité : Have a Nice time (allusion à l’expression anglaise to have a nice time ‘s’amuser, passer un moment agréable’).
Certes, la vraie origine du nom Nice n’a rien à voir avec le mot anglais nice (bien que ce dernier soit d’origine française). La ville fut fondée par les Grecs qui l’appelaient ???????Nikaia, c’est-à-dire « La Victorieuse » : il s’agit sans doute ‘un nom destiné à porter chance à la fondation, en l’occurrence d’une épithète attachée au nom d’une divinité, peut-être Athéna (???????????? Athêna Nikaia).
Il est intéressant que l’histoire de plusieurs mots français révèle une relation de sens analogue, quoique inversée. D’une qualité morale positive on passe plus ou moins facilement, peut-être par euphémisme*, à l’idée de « naïveté », voire de « sottise ». Ainsi, le fr. benêt signifie ‘simplet, naïf’, mais ce n’est qu’une prononciation populaire de benoît ‘béni’ (du lat. benedictus ‘béni’). N’oublions pas le fr. innocent : issu du latin in-nocens ‘qui ne fait pas de mal, inoffensif’ (même racine dans le fr. nocif), le mot a développé le sens de ‘ignorant, simple d’esprit’(l’innocent du village ; Quel innocent d’aller croire un pareil conte !).
Questions ouvertes en recherche
La conception moderne de l’étymologie englobe l’étymologie-origine et l’étymologie-histoire (Baldinger 1959 : 239), et elle tient compte notamment du caractère systémique du vocabulaire* (quand un élément de la structure change, le système évolue) et des faits socio-culturels (en faisant l’histoire d’un mot, on écrit aussi celle de l’homme, celle de la société).
Par exemple, si on explique que les mots fr. dîner et déjeuner descendent du lat. dis-jejunare ‘rompre le jeûne’, en indiquant qu’ils s’appliquaient à l’origine au repas du matin (cf. angl. breakfast ‘petit déjeuner’, de break ‘rompre’ et fast ‘jeûne’) on est dans l’étymologie-origine.
Mais pourquoi dîner a-t-il pris le sens de ‘repas du soir’, et déjeuner, celui de ‘repas de midi’ ? En posant une question de ce type, on se place dans l’étymologie-histoire : les hommes ont tendance (pour différentes raisons, y compris des raisons socio-économiques et, semble-t-il, physiologiques) à repousser l’heure des repas et alléger le repas du moment au bénéfice des repas plus tardifs. C’est pourquoi dîner a d’abord « glissé » du matin à midi avant de nommer, dans plusieurs régions françaises, notamment à Paris, le repas du soir en supplantant souper (sens premier : ‘repas du soir’) . Ce dernier a connu une évolution de sens analogue : évincé par dîner, il se dit aujourd’hui en France du repas ou de la collation qu’on prend à une heure avancée de la nuit. Comme déjeuner est devenu à son tour le « repas de midi », on a dû désigner le repas du matin comme petit déjeuner. Le mot souper A titre de parallèle, citons le lat. prandium ‘repas du matin’ qui est devenu pranzo en italien avec d’abord le sens de ‘repas de midi’, ensuite celui de ‘repas du soir’.
On observe un glissement similaire dans l’histoire des mots russes correspondants. Le russe y??? užin ‘repas du soir’ vient du vieux-russe y?? ug? ‘sud, midi’ (correspondant au russe moderne ?? jug ‘sud’, qui est d’origine slavonne) : au début, y??? désignait le repas de midi. Plus tard, y??? s’est déplacé de midi aux alentours de 16 heures. Sa place a été occupée par le mot ?o????? poldnik (issu de ?o??e?? ‘midi, 12 heures’) qui signifiait alors ‘repas de midi ‘. Par la suite, y??? a de nouveau glissé de 16 heures à une heure plus tardive et s’est mis à désigner le repas du soir. Du coup, le mot ?o????? s’est décalé vers la place restée vacante et a pris le sens de ‘goûter’. Alors, pour désigner le repas de midi, on a commencé à utiliser le mot o?e? obed, dont le sens originel était, à ce qu’il paraît, ‘repas’ tout court, ‘festin’ et même ‘repas du matin’.
La prise en compte des parallèles historico-sémantiques avec d’autres langues peut être utile pour comprendre l’étymologie d’un mot par rapport à son sens actuel.
Le problème qui se pose alors est celui du caractère souvent hétérogène des données. Serait-il par exemple correct de recourir à la fois à des reconstructions étymologiques de caractère hypothétique (remontant à l’antiquité indo-européenne) et à des faits de polysémie synchronique non institutionnalisée proches d’effets de sens ? Ainsi, il est tentant de mettre en parallèle l’emploi du fr. partant dans Il était partant ‘Il était prêt à faire telle chose ’ avec le lien étymologique, existant dans d’autres langues i.-eu., entre ‘se déplacer’ et ‘être prêt’ : cf. all. fertig ‘prêt’, mot apparenté à fahren ‘se déplacer avec un moyen de transport’, angl. ready ‘prêt’, lié au verbe ride ‘aller à cheval’, russe ?o?o??? gotovyj ‘prêt’ issu hypothétiquement de la racine i.-eu. *gwa- ‘aller, se déplacer’ (> angl. go, all. gehen). Or ces faits sont trop hétérogènes : certains des sens considérés risquent d’être définis inexactement ou trop sommairement (la majeure partie des « sens différents » d’un mot seraient en réalité des variables syntaxiques, cf. Guiraud 1986 : 230).
Certains linguistes d’aujourd’hui nient la pertinence de l’étymologie pour la connaissance d’une langue dans son état actuel. Selon J. Rey-Debove (1998 : 8), la parenté entre rompre et route, du latin rumpere, n’est pas intéressante du point de vue du français moderne: il ne s’agirait plus que d’une anecdote historique, les routes étant destinées à relier les villes.
Cependant, l’étymologie de route ( < lat. via rupta ‘voie ouverte, pratiquée’) n’est pas sans importance si l’on veut comprendre son sémantisme : elle semble expliquer le fait que ce mot implique davantage ‘voie bien tracée, aménagée’ par rapport à son synonyme relatif chemin (cf. route nationale mais chemin rural).
L’étymologie des mots et des morphèmes est considérée comme pertinente en synchronie* dans plusieurs courants de la linguistique contemporaine : sémantique cognitive (Sweetser 1990), grammaticalisation (Heine, Kuteva 2002), typologie sémantique et étude des universaux (Hénault-Sakhno, Sakhno 2001 ; Traugott, Dasher 2001), linguistique de l’énonciation inspirée des travaux d’A. Culioli (Robert 1997).
Bibliographie
Fondamentaux
Guiraud P., 1964, L’Étymologie, Paris, PUF.
Guiraud PARIS, 1968, Structures étymologiques du vocabulaire français, Paris, Payot.
Marchello-Nizia Ch., 1999, Le français en diachronie : Douze siècles d’évolution. Paris, Gap : Ophrys.
Recherche
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Gobert F., 2002, « La dénomination étymologie populaire ou l’utopie d’une terminologie non ambiguë », - Cahiers de lexicologie, 81, 2, 2002, pp. 5-37.
Heine B., Kuteva T., 2002, World lexicon of grammaticalization. Cambridge, New York: Cambridge Univ. Press.
Hénault-Sakhno Ch., Sakhno S., 2001, « Typologie des langues et sémantique diachronique : le problème des universaux », Nanterre, LINX, n° 45 (Invariants et variables dans les langues. Etudes typologiques), pp. 219-231.
Mallory J.P., Adams D.Q. (eds.), 1997, Encyclopaedia of Indo-European culture. London, Chicago.
Partridge E., 1966, Origins : A short etymological dictionary of modern English. London.
Pokorny J., 1959-1965, Indogermanisches Etymologisches Wörterbuch. Bd 1,2. Bern, München.
Rey-Debove J. , 1998, La linguistique du signe : Une approche sémiotique du langage. Paris, A. Colin.
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Sakhno S., 2001, Dictionnaire russe-français d’étymologie comparée : Correspondances lexicales historiques. Paris, L’Harmattan.
Sweetser E., 1990, From etymology to pragmatics. Cambridge: Cambridge Univ. Pr.
Traugott E.C., Dasher R. B.,2001, Regularity in semantic change. Cambridge, Cambridge Univ. press.
Vasmer (Fasmer) M., 1986-7, Ètimologi?eskij slovar' russkogo jazyka /Trad. de l'allemand et complété par O.Truba?ev. 2e éd. T. 1-4. Moskva,.
Le projet Emergram, sous la direction scientifique d'Edy Veneziano (Université Paris Descartes-CNRS), vise l''émergence de la grammaticalité chez l'enfant, en utilisant des méthodes écologiques et expérimentales, et en comparant l'acquisition du français à celle de l'anglais et de l'espagnol. Une originalité du projet est d'étudier la production en même temps que la compréhension en matière de morphologie grammaticale libre et liée, et cela dans des études longitudinales ainsi que transversales chez l'enfant entre 18 et 36 mois.
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L'émergence de la grammaticalité chez l'enfant dans trois langues : facteurs cognitifs, linguistiques et conversationnels
1. Responsabilités et partenaires
2. Objectifs
3. Les corpora
4. Les données : transcriptions en CHAT et "linking"
5. Les études de compréhension précoce
6. Travaux liés au projet
1. Responsabilités et partenaires
Porteur et responsable scientifique : Edy Veneziano, Professeur de Psychologie Université Paris Descartes - CNRS (MoDyCo)
Chercheurs : Le projet, interdisciplinaire et inter-langues, associe des chercheurs français et internationaux, psychologues, psycholinguistes et linguistes, tous spécialistes de l’acquisition du langage.
Partenaire 1 : E. Veneziano, A. Flichy, C. Hudelot, L. Albert, M. Leroy, C. Parisse (MoDyCo) ; E. Clark (Stanford University); A. Katsura (Texas University); L. McCune (Rutgers University) E. Herr-Israel (Rutgers University); S. Lopez Ornat, (Universidad Complutense de Madrid), S. Nieva Ramos (Universidad Complutense de Madrid ); A. Peters (University of Hawai'i); C. Rojas Nieto (UNAM, Mexico)
Partenaire 2 : A. Morgenstern (ENS)
Partenaire 3 : E. Mathiot (Université de Lille)
Le projet Emergram vise l'émergence de la grammaticalité chez l'enfant, en utilisant des méthodes écologiques et expérimentales, et en comparant l'acquisition du français à celle de l'anglais et de l'espagnol. Il se donne comme but:
(1) de développer un outil évaluatif des premières acquisitions grammaticales grâce à l’analyse de trois phénomènes:
a) les « fillers » en tant qu'initiateurs d'un processus menant à la morphologie libre ;
b) la production de verbes avant et après l’apparition de formes morphologiquement différentes pour les mêmes types de verbes ;
c) les débuts et l’évolution des énoncés à plusieurs mots
4. Les données : transcriptions en CHAT et "linking" à la vidéo
Les observations sont transcrited in CHAT - a systpme de transcription accepté de manière internationale et développé par le CHILDES project (voir un bref extrait ci-dessous). les transcriptions sont liées, énoncé par énoncé, à la vidéo à travers le programme CLANégalement développé par le CHILDES project. Ainsi, en cliquant sur un endroit quelconque de la transcription l'endroit de la vidéo lui correspondant apparaît aussitôt sur l'écran de l'ordinateur.
5. Les études de compréhension précoce
Ces études visent à tester la sensibilité des enfants à la distinction entre
Veneziano, E. (2004). The emergence of expressive options in early child language : a constructivist account. In D. Ravid & H. Bat-Zeev Shyldkrot (Eds), Perspectives on language and language development: Essays in honor of Ruth A. Berman (pp. 203-218). Dordrecht : Springer.
Veneziano, E. (2003). The emergence of noun and verb categories in the acquisition of French. Psychology of Language and Communication, 7 (1), 23-36.
Veneziano, E. (2001). A System-Approach to the Analysis of “Fillers” at the Transition to Grammar. Dans Almgrem, M., Barreqa, A., Ezeizabarrena, M.-J., Idiazabal, I. & MacWhinney, B. (Eds), Research on child language acquisition (pp. 739-760). Sommerville, MA.: Cascadilla Press.
Veneziano, E & Sinclair, H. (2000). The changing status of “filler syllables” on the way to grammatical morphemes. Journal of Child Language, 27, 1-40.Veneziano, E. (2001). The importance of studying filler-producing children. Journal of Child Language, 28, 275-278.
Veneziano, E. (1999). Early lexical, morphological and syntactic development in French : Some complex relations. International Journal of Bilingualism, 3 (2), 183-217.
Veneziano, E. (1999). Conversational properties and early language acquisition. Verbum, XXI (2), 191-205.
Veneziano, E. (1998). La conversation : instrument, objet et source de connaissance : Etudes développementales. Psychologie de l’Interaction, 7-8, 1-24.
Veneziano, E (1998). L’émergence de la morphologie grammaticale chez l’enfant : une continuité discontinue. Verbum., XX (1), 87-109.
Veneziano, E. (1997). Processus conversationnels et constructivisme dans les débuts du langage. Cahiers d'Acquisition et de Pathologie du Langage (CALaP)., 15, numéro spécial, 93-108.
Veneziano, E. (1997). Echanges conversationnels et acquisition première du langage. Dans J. Bernicot, A. Trognon & J. Caron-Pargue (eds), Conversation, interaction et fonctionnement cognitif. (pp. 91-123). Nancy : P.U.N.
Veneziano, E. & Sinclair, H. (1997). From the surface inward: a discontinuous continuity in the emergence of grammatical morphology. Archives de Psychologie, 65, 107-116.
Veneziano, E. (1996) Conversation et constructivisme dans les débuts du langage. Numéro spécial : “Regards actuels sur la conversation”.Langage et Pratiques, 19, 30-35.
Veneziano, E. & Sinclair, H. (1994). La co-construction conversationnelle dans le développement langagier et cognitif du jeune enfant.Paroles d'Or, 14, 12-16.
Veneziano, E. (1992). Getting expert in the old: A constructivist approach to early language acquisition. Substratum, 1, no.1, 79-101.
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Veneziano, E. (1990). Le rôle de la répétition dans le développement des énoncés à un mot aux énoncés à deux mots. Bulletin CILA, 51, 61-73.
Veneziano, E. (1989). Les proto-conversations et les débuts du langage : De l'alternance des tours de rôle aux significations partagées. Revue Internationale de Psychologie Sociale, 2(1), 23-36.
Berthoud, I. & Veneziano, E. (1989). La signification énonciative dans les débuts du langage. Archives de Psychologie, 57, 271-281.
Veneziano, E. (1990). L'acquisizione delle prime conoscenze di linguaggio: il ruolo della ripetizione verbale in situazioni comunicative. In A. Bondioli (Ed.), Il bambino e gli altri: Ricerche educative sulla prima età. Bergamo: Edizioni Juvenilia, pp. 63-84.
Veneziano, E. (1988). Vocal-verbal interaction and the construction of early lexical knowledge. Dans M. D. Smith & J. L. Locke (Eds.) The emergent lexicon : The child's development of a linguistic vocabulary. (pp.109-147). New York: Academic Press.
Veneziano, E. (1987). Mother-child interactional functioning as a compound dyadic unit. IPRA Bulletin.
Veneziano, E. (1985). Replying to mothers' questions: A way to lexical acquisition. Journal of Pragmatics, 9, 433-452
Sinclair, H., Berthoud-Papandropoulou, I., Gérard, J. & Veneziano, E. (1985). Constructivisme et psycholinguistique génétique. Archives de Psychologie, 53, 37-60.
Veneziano, E. (1982). Les échanges conversationnels mère-enfant et les débuts du langage. Bulletin d'Audiophonologie, 2-3, 241-262.
Veneziano, E. (1981) . Early language and nonverbal development: A reassessment. Journal of Child Language, 8, 541-563.
The emergence of grammaticality in children across languages : Cognitive, linguistic and conversational factors
1. Responsibilities and partners
2. Aims
3. The corpora
4. The data : transcriptions in CHAT and "linking" to the video
5. Comprehension studies
6. Works linked to the project
1. Responsibilities and partners
The EMERGRAM projet is in part financed by the ANR (National Agency for research) l in the context of the "Programme Blanc" 2006.
Coordinator and P.I. : Edy Veneziano, Professor of Psychology, University Paris Descartes - CNRS (MoDyCo)
Researchers : The project, interdisciplinary and cross-linguistic, invludes French and international researchers, psychologists, psycholinguistists and linguists, all specialists of child language.
Partenaire 2 : A. Morgenstern, C. Rossi (ENS)
The Emergram project intends to study the early signs of grammaticality in children's production. ecologically and experimentally.
The aim is to provide:
(1) An evaluative tool for a precise assessment of children's early grammatical acquisitions both relatively to the language end state and to the child's own emerging language system. To this effect, we study
(a) the production of "fillers", considered to start a process leading to free morphology (Peters & Menn,1993; Veneziano & Sinclair, 2000);
(b) children's production of verbal forms before and after the appearance of contrastive forms for the same verb types;
(c) the beginnings and early development of combination among words.
In order to gain further understanding, these early signs of "constructions" (among content words, content words and function elements) are studied concurrently on the same children using both longitudinal and experimentally-designed tasks, production and comprehension data, as well as specific methods of analysis (applied already in earlier work, e.g., Veneziano & Sinclair, 2000; Veneziano 2003).
(2) A study of the processes and mechanisms that children rely on in the emergence of grammaticality. In this context child-directed speech and fine-grained interactional contingencies during conversational exchanges between the child and his familiar partners are studied.
3. The corpora
4. The data : transcriptions in CHAT and "linking" to the video
The observations are transcribed in CHAT - an internationally accepted system developed by the CHILDES project (see a small excerptabove). Transcriptions are linked, utterance by utterance, to the corresponding video through the program CLAN also developed by theCHILDES project. Thus, clicking on any utterance of the transcription, the corresponding place of the video appears on the computer's screen.
** The link towards a longer escerpt of transcription will be soon active **
Historique et objectif
A l’origine de ce projet se trouvent trois chercheurs de MoDyCo : B. Laks, M. Kihlstedt, M. Desmets, s’accordant sur le fait que la diversité des approches en linguistique représentées au laboratoire est un atout scientifique à valoriser : MoDyCo est un excellent pôle pour développer des projets contrastifs et internationaux.
De là naît l’idée d’organiser une collaboration institutionnalisée et régulière entre des chercheurs romanistes suédois des universités de Lund d’Uppsala et de Växjö (liste non exhaustive) et des chercheurs MoDyCo, autour des thèmes développés par les chercheurs des deux pays. Cette initiative a abouti sur les Journées de linguistique franco-suédoise, activité de base de la collaboration, avec un colloque tous les deux ans, se déroulant une année à Paris, une année en Suède.
Actions réalisées et à venir
Colloques
Voir le programme et les résumés
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28-30 Septembre 2009 : LANGUES ET TEXTES EN CONTRASTE
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Collaborations recherche
Une action sur le bilinguisme précoce dans le secteur Dynamiques de MoDyCo se fait à la suite d’une demande du Lycée Français de Stockholm sur des outils d’évaluation du niveau bilingue de leurs élèves. Après plusieurs échanges avec cet établissement sous forme de conférences et de textes de vulgarisation sur les avantages du bilinguisme précoce (voir par ex. http://div-yezh.org/article.php3?id_article=565), deux chercheurs romanistes de l’université de Lund, Suzanne Schlyter et Jonas Granfeldt, et un chercheur de MoDyCo, Maria Kihlstedt, ont commencé une recherche auprès des élèves de l’école primaire. Voir http://www.modyco.fr/?u_s=11&u_a=31&(extraits du rapport scientifique projets 2009-2012 pp. 58-59).
Séjour scientifique
Coco Norén, maître de conférence habilitée de l’université d’Uppsala, spécialiste sur la linguistique textuelle, effectuera une visite scientifique à MoDyCo pendant deux mois à l’automne 2008.