Inférences pragmatiques et développement
Nombre d’études développementales suggèrent que les inférences pragmatiques sont essentielles au développement des facultés communicatives et à l’apprentissage du langage par les jeunes enfants. Néanmoins, les inférences pragmatiques linguistiques, telles que les métaphores et les implicatures, semblent se développer plus tardivement que d’autres aptitudes linguistiques. Cela pourrait laisser penser qu’il y a deux types de capacités pragmatiques (correspondant aux deux types de systèmes de théorie de l’esprit proposés par Apperly & Butterfill, 2009). Je montrerai qu’il n’est pas nécessaire de faire l'hypothèse d'une division au sein des facultés pragmatiques pour rendre compte de l’écart entre les capacités pragmatiques inférentielles des tout-petits (12-24-mois) et les difficultés observées chez les jeunes enfants (4-6 ans) dans la compréhension de certains phénomènes pragmatiques. Je présenterai des expériences qui attestent, à l’aide de nouveaux paradigmes expérimentaux, que les enfants comprennent (et dans certains cas produisent) les implicatures scalaires, la métaphore et les présuppositions bien plus tôt que ce que laissait entendre la littérature antérieure et qui suggèrent plusieurs facteurs permettant de rendre compte de l’apparente difficulté des enfants à faire des inférences pragmatiques.