Mehmet-Ali AKINCI (Laboratoire DyLiS ‘Dynamique Du Langage in Situ’ - EA 7474, Université de Rouen Normandie)
Du bilinguisme en famille au plurilinguisme à l’école : l’enfant allophone cœur des questionnements
La problématique des pratiques langagières des enfants allophones attirent une attention de plus en plus grandissante non seulement des parents (volonté de réussite scolaire, mais aussi souvent désir de maintien et de transmission de la L1) et des politiques (volonté d’intégrer ces jeunes dans l’institution scolaire et dans le monde du travail) mais aussi des enseignants (souci d’une meilleure prise en charge de l’échec scolaire à l’école) et des professionnels tels que les orthophonistes (volonté de mieux les évaluer) (cf. Akinci, 2016). Ces volontés sont souvent confrontées à deux discours divergents : d’une part, un discours pro-bilinguisme qui crédite au plurilinguisme de nombreux bénéfices et, d’autre part, un discours anti-bilinguisme qui pose la question de l’acquisition simultanée de deux systèmes linguistiques différents (cf. Moore, 2006 ; Hélot, 2007 ; Grosjean, 2015). D’un point de vue cognitif, l’enfant serait nécessairement dans l’incapacité de trouver des repères et maîtriserait mal les deux langues, d’où la crainte d’un bilinguisme limité (ne posséder aucune langue « correctement », autrement dit comme une personne monolingue). La notion de bilinguisme fait peur autant qu’elle passionne. Quelle que soit l’approche, elle est au cœur d’un intérêt collectif et attise les polémiques. Avant d’être mal perçue, elle semble mal connue des parents, des professionnels (enseignants et orthophonistes, psychologues scolaires…) et des institutions.
Partant de l’historique des recherches sur le bilinguisme, il sera d’abord question lors de cette intervention des théories de Cummins (2014) qui intéressent le potentiel de l’éducation bilingue pour promouvoir la réussite scolaire des élèves issus des minorités et créer les conditions favorables au développement d’un bilinguisme individuel et sociétal durable. Ensuite, il s’agira d’étudier les liens entre langue, culture et immigration avec un focal sur les questions relatives au bi-plurilinguisme des enfants allophones en général et des enfants issus de l’immigration en particulier.
Références :
Akinci, M.-A, (2016), « Culture d’origine et apprentissages : le cas des jeunes enfants bilingues issus de familles immigrées originaires de Turquie ». In Auzou-Caillemet Th. & Loret M. (dir.), Prendre en compte le corps et l’origine socioculturelle dans les apprentissages,Paris : Editions Retz, pp. 203-238.
Cummins, J. (2014), « L’Éducation bilingue : Qu’avons-nous appris de cinquante ans de recherche ? », In : Nocus, I., Vernaudon, J. & Paia, M. (éds), L’école plurilingue en outre-mer. Apprendre plusieurs langues. Rennes : Presses Universitaires de Rennes, p. 41-63.
Grosjean, F. (2015), Parler plusieurs langues. Le monde des bilingues. Paris : Albin Michel.
Hélot, Ch. (2007), Du bilinguisme en famille au plurilinguisme à l’école. Paris : L’Harmattan.
Moore, D. (2006), Plurilinguismes et école. Paris, Les Editions Didier, Collection LAL.