default Desagulier_seminaire_modyco 18 06 2013 Popular

«Le statut de la fréquence dans les grammaires de constructions, 'simple comme bonjour' ? »

Résumé :  Il y a dix ans, l'analyse collostructionnelle (Gries et Stefanowitsch) remettait au goût du jour les mesures d'association de manière à quantifier non plus seulement l'attraction entre deux lexèmes (cf. Firth, Sinclair), mais entre (au moins) un lexème et (au moins) une construction. Cette méthode fut accueillie avec enthousiasme par les grammaires de constructions et fait encore l'objet de nombreuses publications (Gilquin 2007, Hilpert 2009 et à paraître). En France, l'accueil fut mitigé, pour des raisons historiques (l'école française de lexicométrie était déjà bien implantée, cf. L. Lebart et A. Salem) et théoriques (on reproche par exemple à l'analyse collostructionnelle de réinventer le calcul des spécificités de P. Lafont ou de faire doublon avec le phénomène de colligation). Je propose un examen critique de l'analyse collostructionnelle à travers l'étude de la construction ADJ as NP en anglais (ex. easy as pie 'simple comme bonjour', stiff as a board 'raide comme un piquet'). Kay (2013) présente ADJ as NP comme un contre-exemple de constructions. Il ne s'agirait selon lui que d'un schéma idiomatique productif, l'étiquette de "construction" étant réservée à des schémas prédictifs généraux. En m'appuyant sur l'analyse collexémique covariante, l'une des trois méthodes relevant de l'analyse collostructionnelle, je montre que certaines occurrences de ADJ as NP sont plus productives que d'autres en fonction du contexte et méritent bien le statut de constructions. Les tableaux générés par l'analyse collexémique covariante ne pouvant croiser des variables linguistiques et des variables contextuelles, je propose de les traiter à l'aide de méthodes statistiques multifactorielles, notamment l'analyse des correspondances (Benzécri 1984).